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L’immigration, grande cause nationale [PM]

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Dans la scène finale d’un film tourné en 1923, The Pilgrim, Chaplin nous montre Charlot en train de courir, les pieds de part et d’autre de la frontière américano-mexicaine. Incapable de choisir entre les États-Unis (la sécurité, mais aussi la prison) et le Mexique (terre de libre aventure mais de tous les dangers), il reste sur le fil du rasoir.

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Ainsi en va-t-il de beaucoup de ces jeunes issus de familles immigrées, déracinés d’un côté sans être enracinés de l’autre, élevés « hors-sol », proies faciles pour des manipulateurs fanatiques et habiles.

Aussi graves et dramatiques soient-elles, les tueries terroristes du début janvier ne sont qu’un épiphénomène, mais ont agi comme un révélateur brutal de la situation dans laquelle la France s’est placée en ouvrant trop largement ses portes à une immigration incontrôlée. La lutte contre le terrorisme, devenue impérative, a été montée en épingle par le gouvernement, sur fond de Marseillaise et d’unité nationale. Elle ne résoudra pourtant aucun des problèmes de fond qui sont à l’origine de cette explosion de violence, et que la classe politico-médiatique occulte méthodiquement.

Si l’on veut bien faire litière des fantasmes et des utopies
Ce que Coulibaly et ses amis Kouachi ont écrit en lettres de sang, c’est que la politique d’immigration menée depuis 40 ans est un échec tragique. Une politique totalement déconsidérée. Et qu’il y a donc urgence à la reconsidérer. Si l’on veut bien faire litière des fantasmes et des utopies de droite ou de gauche, ce qui s’impose aujourd’hui, c’est de définir le contenu d’une grande politique de l’immigration, concernant à la fois le contrôle des flux migratoires en cours ou à venir – et les actions à mener à l’égard des personnes pas ou peu intégrées présentes sur le territoire national.

Le problème est gigantesque. Mais, à moyen et long terme, pas insoluble. Ce qui implique d’abord qu’en France l’état ait reconquis son indépendance à l’égard des factions et des lobbies et n’ait d’autre objectif que le bien commun : nous ne cessons de le répéter, tant il importe que l’esprit public s’imprègne de cette nécessité première. C’est le préalable obligé à toute politique utile et efficace.
Vouloir résoudre le problème suppose qu’on ne sous-évalue pas sa complexité et l’extrême diversité de ses aspects. L’utopie d’une planète universellement ouverte à tous les vents a fait long feu.

Pour autant, imaginer qu’une simple fermeture hermétique des frontières suffirait à régler le problème est, à plus d’un titre, illusoire. Il faut prendre les choses à tous les niveaux à la fois, et mettre en place toute une panoplie de dispositions appelées à se compléter. Cette politique d’ensemble, par l’ampleur de l’enjeu, ne peut que devenir une grande cause nationale. Ce qui suppose qu’elle obtienne un très large consensus dans le pays. Par voie de référendum par exemple.

On va tenter ici d’en esquisser les grandes lignes, qui se réfèrent à diverses études publiées par Politique magazine et la Nouvelle Revue universelle.

Le contrôle des flux migratoires
Pour reprendre en main les contrôles aux frontières, la France doit obtenir de ses partenaires européens une réévaluation profonde des accords de Schengen, dont l’application se révèle de plus en plus difficile et les résultats catastrophiques. Et les marines nationales des pays européens concernés doivent recevoir des moyens de contrôle accrus.

Par ailleurs, la France doit renoncer à toutes les mesures qui exercent un puissant effet incitatif sur l’immigration, notamment le regroupement familial et la couverture maladie universelle (CMU). De telles mesures, quand elles seront prises, devront s’appliquer à partir d’une date butoir largement annoncée à l’avance.

Dans tous les pays où nombreux sont les candidats à l’émigration vers la France, il convient d’avoir une politique de communication active pour prévenir les départs inutiles. C’est la première chose à faire pour éviter les drames comme ceux de Lampedusa (en octobre 2013) ou de Calais.

Car il est aussi essentiel de prendre en compte les aspects humains et le respect de la dignité des personnes. Une politique française se doit notamment de tenir compte des préconisations de l’église. La règle est d’assurer la compatibilité du respect des règles avec le respect des personnes.

Enfin il faut aider les pays à fort potentiel migratoire à créer des emplois, que ce soit dans les services, l’agriculture ou l’industrie. Il faut imaginer une sorte de « plan Marshall » dont le financement serait assuré par l’association d’un ou plusieurs états européens, d’entreprises publiques ou privées, de groupes financiers et d’ONG, chacun apportant ses propres compétences.

Vers une véritable révolution culturelle
Vis-à-vis des personnes qu’on a laissé, en toute inconscience, s’installer en France sans leur apporter les moyens de s’y intégrer – y compris les générations suivantes nées françaises –, c’est tout un ensemble de mesures coordonnées qui doivent être prises.
Une politique de retour au pays d’origine peut être envisagée. Parfois qualifiée de « remigration », elle peut être souhaitée par les migrants eux-mêmes. Mais dans les conditions actuelles, elle se heurte à toutes sortes d’obstacles politiques, juridiques ou psychologiques. Elle demeure pourtant une option positive si elle vient accompagner une dynamique de développement dans les pays d’origine des migrants.

Pour les personnes implantées en France et qui n’ont aucun désir d’en partir, une politique d’intégration de grande ampleur est impérativement à développer. Par rapport aux efforts déjà déployés, il faut à la fois passer à une vitesse très supérieure et assumer une véritable révolution culturelle.

Il faut totalement éradiquer le communautarisme, destructeur de la solidarité nationale, et renoncer aux campagnes prétendument antiracistes parfaitement contre-productives : elles créent des situations artificiellement conflictuelles. Par une véritable révolution culturelle, il faut redonner à l’image de la France, de son histoire et de ses perspectives un rôle moteur dans le resserrement du lien social. Ainsi rendra-t-on à la laïcité son véritable sens, radicalement opposé à un laïcisme militant générateur de conflits. C’est aussi par une politique urbaine entièrement renouvelée que l’on cassera la ghettoïsation des cités : ces lourds investissements sont devenus une priorité nationale.

Parallèlement à cette politique d’ensemble – révolutionnaire, il est vrai –, il convient de restaurer une démographie équilibrée par la promotion d’une politique familiale totalement rénovée. Elle favorisera notamment la natalité dans la classe moyenne, dont la vitalité représente le seul espoir de promotion pour les populations les plus pauvres.

Ce bref aperçu de ce que serait la grande politique de l’immigration si nécessaire à la France est à prendre comme une incitation à la réflexion. Pour qu’on ne laisse plus aux seules kalachnikovs le soin de nous en rappeler l’urgence.

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