Editoriaux
Organisations Négligemment Gavées
À Gaza, le Hamas détourne l’argent des subventions, d’où qu’elles viennent, pour construire un réseau souterrain et de petites manufactures d’armes.
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33 ans, un âge qui sonne. Et déjà un parcours riche de multiples expériences réservées à certains, loin de la soi-disant méritocratie républicaine. Comment se choisissent dès le berceau ces élites, promises à des destins hors du commun, à des responsabilités élevées ? Cela tient du mystère. Car si leurs prédécesseurs biberonnés à l’Unef ont dû jouer des coudes, avec certains accidents de parcours retentissants, la trajectoire de Bruno Julliard fascine et étonne. Il est aujourd’hui confortablement assis à la droite d’Anne Hidalgo, en charge de la culture, et président de l’établissement public Paris-Musées. Quel bel outil il a entre les mains.
Bruno, ce natif du Puy-en-Velay, bénéficie tout d’abord d’une bonne hérédité de par sa mère, Arlette Arnaud-Landau, maire de cette ville de 2001 à 2008 après une carrière militante (droit des femmes, antiracisme, lutte syndicale). De son père, on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il est communiste. Ces parents illustrent à merveille comment le syndicalisme politique a magistralement colonisé l’appareil des collectivités territoriales, même dans une terre a priori hostile comme l’Auvergne.
Le jeune Bruno fait ses premières armes en milieu étudiant. Il préside l’Unef aux chaudes heures du CPE et de ces manifestations étudiantes qui mirent à genou le gouvernement de Dominique de Villepin. Un fait d’armes qui n’est pas pour rien dans l’irrésistible ascension du jeune homme. S’il n’a pas fait l’Ena, il aura au moins fait l’Unef.
Que l’on en juge. élu au conseil de Paris en 2008, adjoint à la jeunesse, il remplace Christophe Girard à la culture en 2012. Aspiré dans les équipes gouvernementales lors de la victoire de François Hollande, il entre au cabinet de Vincent Peillon où il pilote la loi d’orientation et la réforme des rythmes scolaires – un lot de consolation pour celui qui aspirait à devenir ministre. Puis il est porte-parole d’Anne Hidalgo lors de la campagne et retourne à sa délégation culturelle, sans doute guéri de la fièvre du grand homme et des dossiers éducatifs, ingrats il est vrai.
La culture à Paris
Dans un entretien récent, il dévoile ses ambitions pour la culture à Paris. « Il existe (encore) une politique culturelle de gauche » martèle-t-il, à l’heure où la droite a su investir ce champ. Plusieurs dossiers retiennent son attention. En premier lieu, l’épineuse question des tarifs et des horaires d’ouverture des institutions culturelles municipales, qu’il faudrait élargir pour satisfaire la clientèle étrangère, mais où la prudence l’incline à passer par les syndicats. Ensuite, le coûteux dossier de la Gaieté lyrique, sorte de machin numérique réservé à quelques-uns et qui pèse lourdement sur le budget municipal. Enfin, le « plan églises », pudiquement appuyé sur l’appel à mécénat, alors que les associations estiment à 500 millions, sur quinze ans, le budget qu’il faudrait consacrer au patrimoine cultuel. Mais le plus emblématique projet de la présente mandature a pour nom « la culture participative ».
Un cache-sexe de l’indifférence, pour ne pas dire de la haine, que l’équipe Hidalgo voue au patrimoine et aux musées. En effet, 5 % du budget d’investissement de la ville ont vocation à être dirigés vers des projets choisis par le vote des administrés. La « culture participative » ? Un très démagogique « Musée 3.0 », visant à rendre disponible les collections numérisées, qui a été proposé au vote des administrés. Moins de 40 000 d’entre eux se sont mobilisés pour lui dire « non » et promouvoir plutôt des opérations festives, qui faisaient les délices de l’essayiste Philippe Murray.
Décidément, les leçons apprises à l’Unef quant à la manipulation du vote, aux bousculades d’AG, aux grosses ficelles démocratiques, apparaissent bien utiles au wunderkind de la gauche municipale.