Une étude historique précise, documentée, intelligente et qui remet les faits en perspective.
À l’heure d’aujourd’hui, elle est la bienvenue dans cette France où toute la politique des instances dirigeantes consiste à instruire en tous domaines un procès perpétuel contre leur pays, à le sacrifier sur l’autel de l’Europe et du monde et, pire encore, à le faire détester de tous les peuples et des Français eux-mêmes, en salissant systématiquement son image dans le passé et en déshonorant le peuple français lui-même qui n’aurait jamais commis que des crimes abominables.
Notre ami Jacques Boncompain s’attache à restituer la simple vérité des faits sur cette terrible période de l’Occupation qui fut une occupation allemande, faut-il le rappeler, allemande et pas française – ce n’est pas la France « moisie » qui a occupé la France républicaine ! – après une défaite écrasante dont la responsabilité entière repose sur le régime et les gouvernements républicains qui se sont succédé entre les deux guerres et qui n’ont rien su prévoir alors que tout était prévisible. Il suffisait de lire Bainville.
Mais notre auteur a affaire à forte partie, tant la version officielle s’est imposée au point de devenir obligatoire dans l’enseignement, les médias, les milieux intellectuels et culturels, et même dans les recherches ou prétendues recherches universitaires. L’histoire de France est ainsi kidnappée au profit d’un régime, celui que nous subissons, et qui a ses gardiens d’une mémoire dite de haute vigilance. C’est vrai de l’histoire générale, malgré les travaux de remarquables historiens, connus des gens cultivés mais qui sont sans incidence sur le récit officiel, toujours « formaté » de la même façon « républicaine ». C’est encore plus vrai de la période considérée. Des Klarsfeld, des Laurent Joly, des Vergez-Chaignon ont préempté et labellisé l’unique version tolérée, répétée à satiété. Les François-Georges Dreyfus, les Raymond Aron, les Alain Michel – rabbin de son état – les Berlière, Chambost, Fiévet, gens sérieux s’il en fut, auront eu beau expliquer, rectifier, analyser, leurs travaux, pourtant non suspects, n’ont en rien modifié le discours officiel qui est devenu une doxa. Tout est dit d’avance, jugé péremptoirement, avec interdiction de remettre en cause toutes les assertions sur les événements et sur les hommes. Et jusqu’aux chiffres ! Il est indécent de faire remarquer que, de tous les pays occupés, la France est de loin celui qui a connu le moins de pertes dans la communauté juive qui relevait de sa souveraineté. Et ce fut le fait d’une action continue. Dire les choses n’est pas les justifier ni les approuver.
Une histoire de France kidnappée
« Vichy » ne fut un gouvernement ni uniforme ni unifié dans le temps, dans les principes d’action, dans les motivations, dans les stratégies face à l’Occupant ni même dans les tactiques de l’instant. Pétain n’était pas Laval qui lui-même n’avait rien à voir avec un Darquier de Pellepoix, collaborateur éhonté. Un Bousquet avait sa politique dont un Mitterrand qui était resté son ami, avait profité.
La solution de facilité est de tout rejeter dans la même fosse d’ignominie qui évite d’avoir à comprendre, à trier, à juger avec impartialité. De Gaulle a voulu et même créé cette conception manichéenne qui lui convenait parce qu’elle justifiait toute son action et plus formidablement encore imposait sa personne comme la source de toute légitimité française sans qu’il soit possible d’en rien contester. Sous couvert d’une lutte contre l’Allemagne jusqu’au bout, ce fut une lutte à outrance pour la prise du pouvoir. La vraie résistance poursuivait heureusement d’autres buts. Même chose du côté des communistes qui avaient été les alliés des nazis jusqu’en 1941. Même chose encore chez tous les responsables du désastre qui sont revenus après guerre – tel Paul Reynaud ! – pour juger celui à qui ils avaient refilé l’ardoise. Tout ça n’est pas glorieux.
Jacques Boncompain appelle à la liberté de comprendre et de juger, sans complaisance aucune. L’antisémitisme français est étudié en lui-même, le statut des Juifs, les rafles, les dénaturalisations. Rien n’est esquivé de ce qui fut abominable et indigne. Cependant, après avoir dépouillé archives, témoignages, études de toutes sortes – la bibliographie est impressionnante –, il apparaît que la France ne fut pas – mais pas du tout – le pays de quarante millions de salauds dirigé par un gang de salopards qui se seraient servis de la défaite pour satisfaire leurs envies sadiques, tel que la propagande officielle veut absolument le faire accroire. Jacques Boncompain, qui a déjà écrit deux beaux livres sur le Maréchal Pétain, signe ici un ultime témoignage d’historien qu’il lègue à la postérité comme président de l’Association pour la défense de la mémoire du Maréchal Pétain.
Jacques Boncompain, Pétain. Bourreau ou bouclier des Juifs ? Godefroy de Bouillon ; 350 p. ; 35€