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Élection ou manipulation

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Élection ou manipulation

Les sondages avant le premier tour se sont tous trompés. L’explication de ces erreurs mène au cœur du seul et vrai problème politique qu’il conviendrait au premier chef de résoudre. Il apparaît à l’évidence qu’ils participent d’un système qui, volontairement ou non, entretient un mensonge permanent en vue d’orienter le vote des électeurs.

Le Front national, toujours qualifié d’extrême droite, c’est-à-dire marqué d’infamie idéologique selon la pensée officielle, fut évalué dans les différentes périodes qui précédèrent le scrutin, en fonction des nécessités stratégiques du moment : soit susciter la peur, soit en affaiblir l’importance, soit fomenter un courant opposé. D’ailleurs les qualifications employées ne sont pas neutres. Ainsi extrême droite serait synonyme de nazi. Que l’on sache, le nazisme est une idéologie issue d’une conception totalement révolutionnaire du peuple, donc, d’après les propres théories du système, fondamentalement de gauche, comme le communisme. Ceux qui connaissent un tant soit peu l’histoire des idées en ont la compréhension. Mais cet artifice de contre-vérité a été institutionnalisé ; il sert maintenant de cadre à l’analyse politique. Pas un institut de sondage qui ne se réfère à pareille grille. Impossible donc d’en sortir. Il y aurait ainsi plus de six millions de nazis en France. De quoi trembler !

Reste ensuite à trafiquer sur les chiffres. L’habileté dans les procédés de sondage suffit à garantir la méthode pour l’obtention du résultat recherché. Les statisticiens de profession ont vite fait de repérer les subterfuges tant dans l’établissement des données que dans les calculs qui les présentent. Les mensonges des sondages

Ces cas sont tellement répétés que c’est prendre les gens pour des imbéciles que d’apporter après coup d’autres explications. De fait, le système politique qui sévit en France est un système de mensonge. De mensonge organisé et inculqué de manière si continue dans les esprits que c’est devenu le cadre ordinaire de nos institutions publiques. Ce sont des procédés faciles, archi-connus, élevés au rang de certitudes scientifiques et utilisés, depuis longtemps maintenant, comme les moyens infaillibles de l’art de gouverner. Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley en les décrivant les a dénoncés.

Le fameux roman d’avant-guerre est plus que jamais d’actualité. Nous voilà avec des « alphas » qui savent et qui pensent pour les autres et avec des masses d’« epsilons » qui doivent surtout rester à leur place d’« epsilons », c’est-à-dire ne pas penser, ne pas savoir et se laisser conduire massivement à ce meilleur des mondes conçu par les esprits supérieurs à qui seuls sont réservées la domination et la puissance. C’est exactement ce que nous vivons. Sauf qu’en France, heureusement, tant que le génie national ne sera pas mort, il y aura toujours des réactions. Des petits esprits qui se croient des surhommes prétendent régenter les Français. Plus singulièrement, afin d’authentifier leur pouvoir, les faire voter toujours dans le même sens, le sens du système, celui qui est qualifié de bon. Mais la France n’est pas la Corée du Nord. Il y a dans ses profondeurs quelque chose d’excellemment réactionnaire, dans le meilleur sens du terme qui dans sa signification vitale première caractérise un être doté du besoin irrépressible de réagir contre les forces de mort.

Qui a jamais étudié les élections en France depuis 1789 ? Pas à la manière des cours de Sciences-Po qui ne débitent jamais que l’expression de la pensée conformiste. Mais en vérité. La Révolution, puis le système dit républicain n’a réussi à s’imposer en France qu’à coup de machinations et de prises de pouvoir par des appareils tenus en main par des minorités. Sous la Révolution pas plus de 3 % du peuple français terrorisait le reste. L’art de ces minorités a toujours consisté à se faire passer pour le peuple, à le faire croire, à arriver à ses fins de domination et même à créer la légende de leur héroïsme historique. Fable qui serait à rire si ce n’était à pleurer, tant les honnêtes gens s’y laissent prendre ! Et quand la réaction vient, inéluctable, tout l’art de ces politiciens vise alors à la déjouer, à la refaçonner, voire à se l’approprier, quitte à s’en remettre à un homme, pour renforcer le système dont, au fond, les Français ne veulent pas, ne veulent toujours pas.

Le vote « anti-système »

Et ainsi aujourd’hui. La France réagit, encore et toujours. Grâce à Dieu! Mais sa réaction est aussitôt analysée par les spécialistes des appareils comme un vote protestataire, un vote de crise, un vote de désarroi, que sais-je ? Que de mots alimentant commentaires sur commentaires ! Les « alphas » de leur air supérieur et de leur ton de fausset doivent faire de la pédagogie avec les pauvres « epsilons » désemparés !

Pas du tout, Messieurs, les Français en réalité rejettent ce système impudent. Ils ne savent pas comment faire, c’est tout. Et c’est compliqué, en effet. Car il s’agit de gens qui prétendent être leur tête et qui de fait leur servent de tête, alors que ce ne sont que des appareils en forme de prothèse de tête, en l’absence du chef légitime, du caput véritable.

Plus que les Français du moment, c’est la France profonde qui opère ce rejet d’une greffe qui ne saurait prendre sur son corps historique, cette France que haïssent tous les prétendus intellectuels et politologues qui se sont faits les porte-parole de la fausse tête aux divers lobes mais figée tout entière dans sa pensée unique.

L’escroquerie a porté également sur le score de Nicolas Sarkozy qui a été constamment sous-évalué. Evidemment exprès. Car ce vote était aussi en très grande partie de sens national dans la mesure où les électeurs dans leur majorité qui se sont portés sur ce nom, ressemblent comme des frères aux électeurs du Front national. Des Français qui en ont assez d’être traités comme des « epsilons », y compris par les gens de l’appareil UMP qui se prennent, eux, pour des « alphas » et même des « alphas + ». Dans l’esprit de ces Français – il suffisait d’écouter les conversations dans les familles et dans les bistrots – il fallait parer au plus urgent, quitte à passer sur toutes les insuffisances de l’homme. Ce qui retenait l’attention, c’était sa volonté de s’opposer au déclin, de préserver les intérêts français, de revenir sur des décisions, y compris les siennes, qui n’aboutissent en fait qu’à fondre davantage la France dans le magma du monde consumériste socialo-libéral qui est le modèle politique directeur imposé partout et contre lequel les peuples réagissent. La manipulation du corps électoral

La sous-estimation d’un côté était corrélée à une surestimation de l’autre. Celle de Mélenchon relève de la mystification comme son personnage. Il fallait faire croire qu’il y avait une extrême gauche équivalente à ce qui était appelé extrême droite. En même temps c’était la faire exister pleinement et lui apporter par ce biais plus de voix qu’en réalité elle ne récolterait, laissée à elle-même. Les grands meetings donnaient l’impression de la masse et produisaient l’effet voulu d’effrayer le bourgeois et de rendre Hollande sympathique, modéré, bref normal. Mélenchon garantissait en même temps, avec cette rouerie qui est le propre des politiciens de cet acabit, le report automatique des voix de cette partie de la gauche, rebelle elle aussi à sa manière au système et ainsi ramenée en son giron. Ces gens ainsi abusés, pour bon nombre d’entre eux, n’auraient pas demandé mieux en réalité que d’être protégés en tant que Français contre les méfaits de « la fortune anonyme et vagabonde », pour reprendre l’expression d’un fameux prince d’Orléans à la fin du XIXe siècle.

La surestimation de Bayrou procède des mêmes intentions : opposer à Sarkozy un centriste qui, pourtant, pour se situer valablement dans la crise, s’est vu obligé de parler de la France, de la France d’abord. Inconscience de ce politicien libéral-chrétien, pétri de contradictions, prêt idéologiquement à tout sacrifier au système européiste mais qui aime sincèrement son pays. Son électorat, ni droite, ni gauche, serait sans doute volontiers « réactionnaire » sur nombre de sujets. C’est-à-dire en réaction contre un système idiot qui force à bêtifier à tout coup. Mais il est a craindre que le système dont Bayrou lui-même est la dupe consentante, n’en récupère la plus grande partie.

L’imposture d’une fausse majorité

Telle est l’imposture d’aujourd’hui. Les Français ne peuvent s’exprimer constitutionnellement que dans l’éclatement électoral et donc au profit du seul système et des hommes qui en vivent. Ils sont donc toujours bernés. Immense malheur où tout est fait pour les diviser, entretenir les rivalités de clans et de partis. Quel dommage, car la réaction est toujours là. Finalement l’astuce est de ramener le choix des Français, par un mécanisme pervers, sur celui qui a les faveurs des médias et de toute l’engeance qui ambitionne et se partage déjà les places, les prébendes et qui rêve de démolir encore et toujours plus ce qui constitue l’être même de la France, ses familles, ses traditions, son patrimoine et ses singularités, toutes ses vraies forces d’avenir. Engeance d’autant plus redoutable qu’elle n’est elle-même, à y regarder de près, que le produit d’une petite caste privilégiée qui n’a cessé de profiter de tous les avantages de la société.

Ainsi les pourcentages d’Hollande ont été constamment, depuis le début de la campagne, surévalués. A force de les surévaluer, a été obtenu ce qui a été voulu en jouant sur le vote machinal des «epsilons»: un léger plus pour le candidat du système et voici que c’est accentué pour le second tour. Quelle supercherie ! L’homme est nul ; cela se sait ; cela se voit, cela s’entend. Il joue le personnage historique qui prend le destin d’une nation en main, mais c’est grotesque de fausse humilité et de creuse éloquence.

Il est désarmé et sans intelligence devant l’immense crise française et européenne dont il nie la réalité, alors que l’Europe éclate et que les Pays-Bas s’ajoutent à la liste des pays en voie de perdition. Que fera-t-il quand les taux des emprunts français auront franchi les seuils insoutenables, c’est-à-dire sous peu ? Et quand les futures crises internationales rendront la position de la France difficile, voire impossible ? Des discours, toujours des discours !

Il s’essaye à imiter Mitterrand, en oubliant, lui ce fils de bourgeois – mais l’a-t-il jamais su ? – que son prédécesseur était un vieux réactionnaire, habilement camouflé en socialo-partageux qui n’a, d’ailleurs, pour lui-même, comme tout bon socialiste, jamais rien partagé et qui n’était dupe ni de ses discours, ni de son entourage, ni de ses idées. Il fallait entendre sur le sujet les confidences de son vieil ami Bénouville ! En homme cultivé, il ne lisait jamais que les bons auteurs, c’est-à-dire les classiques et les auteurs réactionnaires qu’il invitait d’ailleurs régulièrement à l’Élysée. En dehors de ses propres livres et discours, il n’a jamais, au grand jamais, parcouru la moindre ligne d’un auteur ou d’un rapport de gauche : ça l’assommait ! C’était une canaille bourgoise, dévorée d’ambition, un personnage de Balzac qui a fait beaucoup de bêtises mais qui avait du style et qui avait encore quelque sens de l’antique politique.

L’autre François que le système nous inflige, ce n’est rien, un vide de pensée, un néant d’intelligence, un homme qui n’a pas vécu, sauf de faux-semblants et de niaiseries de comités. Il est incapable et, pourtant, il est probable que c’est lui que la France dans quelques jours aura comme président !

Ainsi le veulent nos institutions dont l’absurdité sera une fois de plus­­­ archi-démontrée. Mitterrand était entré dans le système pour parvenir au pouvoir mais sans y croire ; Hollande est un produit du système qui le porte au pouvoir parce qu’il y croit. Le système en subira les conséquences ; ce sera catastrophique. La prochaine réaction française dont il n’y pas à douter, ne devra pas se tromper d’objectif.

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