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Maurice Barrès est un écrivain trop souvent oublié quand bien même le centenaire de sa mort a permis de refaire un peu de bruit autour de son œuvre.
Si son œuvre de journaliste, de romancier ou d’essayiste est bien connue, sa seule pièce de théâtre, Une journée parlementaire, restait quasi-confidentielle alors qu’elle avait déclenché un scandale lors de ses deux représentations. Cette pièce, publiée en février 1894, raconte la journée tragique d’un député en proie à un scandale de corruption et ses tentatives de s’en sortir. Le texte est dédié aux républicains antiparlementaires et c’est bien l’angle choisi : ni bouffonne, ni proprement tragique, c’est un éreintement du personnel politique.
Cette frappe touche d’autant plus précisément que, depuis 1889, Maurice Barrès est plus que le prince de la jeunesse qui a écrit le cycle du Culte du moi, il est aussi député de Nancy. Cette expérience de l’intérieur de l’Assemblée nationale explique le fort désenchantement de la pièce à propos du rôle de député et n’est pas sans rappeler ce qu’en disait Léon Daudet dans Mélancholia en 1927 : « Qui n’a pas été député ne saurait se faire une idée du vide humain ». Cependant la noirceur du trait doit beaucoup aux scandales qui secouent la IIIe République, notamment celui du canal de Panama dont l’on retrouve des échos dans les dialogues. Sentant que le trait se rapproche trop d’eux, c’est ce qui explique le scandale de la pièce qui culmina avec l’interdiction de la pièce par le Conseil d’État. Pourtant ce ne sont pas les pièces étrillant le personnel politique qui manquaient, mais il n’était pas permis que la critique vienne de l’intérieur et plus encore que cette critique soit antiparlementaire. Si Une journée parlementaire eut sur le coup du retentissement avec un passage en feuilleton, force est de reconnaitre que la pièce a disparu des consciences. Grâce soit donc rendu aux éditions de Flore de rendre disponible ce texte et d’y avoir adjoint une préface très complète d’Olivier Coté qui a pour elle l’élégance et une érudition jamais ostentatoire.
