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Sicut cervus

En 1952, François Mauriac recevait le prix Nobel en raison de « la profonde imprégnation spirituelle et l’intensité artistique avec laquelle ses romans ont pénétré le drame de la vie humaine. »

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Sicut cervus

Je ne peux résister au désir de paraphraser cet hommage pour partager aux futurs lecteurs, que j’espère nombreux, l’impression ressentie à la lecture du livre de Romain Debluë, qui m’a émerveillée par « la profonde imprégnation spirituelle et l’intensité de la pensée avec laquelle ce roman pénètre le cœur et la conscience des hommes d’un monde sans Dieu ».

La finesse des idées développées, la beauté rare de la rhétorique, la vision plénière de l’homme et de sa destinée, la densité des personnages, concourent à mettre ce livre de plus de mille pages au pinacle des grands romans de la littérature. Le jeune Helvète Paul Savioz, qui débarque à Paris pour étudier l’histoire à la Sorbonne, est au cœur de cet ouvrage dantesque où toutes les occasions de vie, qu’elles soient de voisinage, amicales, estudiantines, amoureuses, vacancières, sont autant de circonstances pour s’interroger sur la conscience de l’homme, sa liberté, sa dignité, Dieu, le lien entre foi et raison ou foi et science, la religion, la Vérité, l’art, la littérature, la musique, la politique, la vocation humaine, le sens de l’histoire, l’amour, la charité.

Le cheminement initiatique de ce jeune homme nous imprègne tout au long de cette lecture aussi exigeante intellectuellement que spirituellement et ce parcours de vie intérieure, qui englobe corps, âme et esprit, est tout simplement un magnifique appel à la conversion.

L’articulation entre la pensée, qui nous permet de discerner et de comprendre le sens de notre humanité et de notre destinée, et notre libre arbitre, qui nous laisse le choix de répondre à son appel ou de rester en surface, est le fil conducteur autour duquel les tensions intérieures, les drames humains, nos choix vont se cristalliser pour basculer soit dans la joie inscrite dans notre âme soit dans la tristesse d’une vie « à côté » qui se cherche. Rien de manichéen toutefois, tout est subtilement dosé, distillé, analysé, et même si l’on peut noter avec amusement quelques partis-pris radicaux, en matière artistique notamment, le lecteur est toujours convié à entrer dans ce monde fabuleux de la pensée, de la conversation, de la lecture, pour qui aime et aspire à toujours plus de vérité et de profondeur.

Un tel livre ne se résume pas ni ne se dévore : il se savoure, il se médite. En le refermant, après plusieurs semaines en sa compagnie, la première pensée qui me vint fut que si je n’étais pas déjà catholique, je souhaiterais le devenir sur le champ. Si le pari de ce livre fut celui-ci, alors il est largement relevé et il est si rare aujourd’hui de trouver de tels livres sur les étals, nous dispensant de si belles perles de pensée sous un format romanesque, qu’il serait dommage de passer à côté de ce monument littéraire et de ne pas accepter de mettre nos pas dans un si beau chemin balisé qui nous rappelle que notre finitude s’accomplit dans l’Éternité.

 

Romain Debluë, La Chasse au Cerf. Éditions de l’Aire, 2023, 1046 p., 30 €.

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