Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Après À la lumière de Renoir (2020) et Le dîner de l’exposition (2022), chroniqués dans nos colonnes, c’est un magnifique portrait d’Augustine Tuillerie (1833-1923), femme de Lettres, qu’a dressé d’une plume captivante Michèle Dassas. Issue d’une famille désargentée, Augustine, à vingt ans, contracte un « beau mariage » avec Jean Guyau qui s’avère très vite tyrannique et dont elle doit se séparer de corps deux ans plus tard.
Après cet épisode douloureux, elle vivra en concubinage auprès de celui qu’elle avait toujours aimé, son cousin le philosophe Alfred Fouillé, en se faisant passer pour sa sœur. Ce n’est qu’en 1885 que leur union sera officialisée grâce à la loi Naquet permettant enfin de divorcer et donc de se remarier. Malgré ce bonheur retrouvé, rien ne lui sera épargné : les difficultés pour travailler, la maladie et la mort de son fils Jean-Marie Guyau, disparu à trente-trois ans. Devenue institutrice, déterminée, l’amour de l’enseignement chevillé au corps, Augustine, sous le pseudonyme de G. Bruno inspiré du philosophe italien Giordano Bruno, publie en 1869 Francinet où vertu et règles de vie en société occuperont une place prépondérante ; l’ouvrage sera couronné par l’Académie française et recevra le Prix Montyon. Le tour de la France par deux enfants (1877), remarquable manuel de lecture utilisé dans les écoles primaires qui résumait les principales matières du programme sous forme de parcours associant découverte du savoir et celle du monde, de façon attractive, marquera la IIIe République avec huit millions d’exemplaires vendus ; enfin, Les enfants de Marcel (1887), un manuel d’instruction morale et civique où le patriotisme, la famille et le sens du devoir étaient à l’honneur. Durant près d’un siècle, les trois ouvrages furent constamment réédités dans toutes les écoles publiques et religieuses. Qu’y a-t-il de mieux qu’un autre écrivain pour saisir et comprendre le parcours de la femme de lettres que fut Augustine ? Où il est question de combats, de passions et de transmission à une époque où l’enseignement notamment avait toute sa place. Un exemple dont l’école d’aujourd’hui ferait bien de s’inspirer !