Et Franceinfo précise aussi que « Elisabeth Borne a déclaré que le parti d’extrême droite [RN] était l’“héritier de Pétain”, maréchal collaborateur pendant l’invasion de la France par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. » Passons rapidement sur le fait que Franceinfo ne nous rappelle jamais ce qu’a été le Parti Communiste et constatons que le chiffon rouge de l’extrême droite paraît toujours utile à agiter, en France, chaque fois qu’il s’agit de commenter les résultats des urnes ou les sondages d’opinion. Peu importe que le Danemark, la Suède, les États-Unis de Biden, l’Australie, la Tunisie et des dizaines d’autres pays considèrent que l’immigration n’est pas une chance ni l’insécurité, un sentiment ; peu importe que les lois liberticides, en France, aboutissent peu à peu à une censure aggravée par judiciarisation constante des opinions qui rend la France de Macron assez près de l’Espagne de Franco – et encore plus près de la République de De Gaulle, qui dépassa de très loin Louis XIV en matière de censure d’État ; peu importent, en fait, le peuple, ses craintes et ses souhaits : Élisabeth Borne et Franceinfo ne sont là ni pour les servir ni pour les écouter mais pour les appauvrir et les morigéner tout en s’indignant que le stupide troupeau ne consente pas à l’impôt avec plus de joie ni à la soumission avec plus d’ardeur.

L’État ne fait confiance qu’à lui-même

France Stratégie, l’ancien Commissariat au plan, enfonce d’ailleurs le clou sur l’absolu nécessité que le peuple se laisse guider par des hauts commis aussi compétents que Borne, Macron et Bayrou : « La neutralité climatique est atteignable. C’est une grande transformation, d’ampleur comparable aux révolutions industrielles du passé. Elle sera pilotée d’abord par les politiques publiques et non par les innovations technologiques et les marchés. » Voilà. Surtout, ne laissons pas faire les industriels, dirigeons les investissements, produisons des normes, continuons ces choix pertinents qui nous ont menés à l’excellente situation actuelle. « Seule une élite éclairée peut transformer le monde » comme le commente ironiquement Philippe Silberzahn. L’État ne fait confiance qu’à lui-même quelles que soient les catastrophes qu’il déclenche et les milliards qu’il gaspille. La faute en est toujours, vieux réflexe révolutionnaire, aux Autres : l’Union européenne qui ne comprend pas que la France est géniale, le monde qui ne veut pas se laisser éclairer par le Phare de la Démocratie – les Français qui ne veulent pas, ou plus, qu’on les emmène vers des lendemains qui chantent et se retrouvent, immanquablement, au milieu de déserts médicaux en train d’attendre désespérément que la fibre soit installée pour essayer d’obtenir un rendez-vous dans une sous-préfecture numérisée qui mettra six mois à leur envoyer un passeport pendant que l’inflation ravage leur vie et juste avant que leurs troupeaux soient décimés et que les villes leur soient fermées à cause de leurs voitures polluantes. France Stratégie n’en a cure.

Des évêques qui ont renoncé à évangéliser aussi crédibles que les politiques qui ont désindustrialisé

Toutes proportions gardées, on croirait le Vatican nous expliquer que la transformation actuelle de l’Église, fondée sur les indéniables succès de ces dernières décades, ne peut être menée que par les synodalants dûment estampillés duovaticanocompatibles. L’ancien élu provincial des Franciscains explique : « À la fin de mon mandat, en 2013, ma Province de l’Ouest a fusionné avec celle de l’Est et la Belgique. Nous sommes passés de 1 200 frères à 120 en 40 ans. Telle est notre condition. » (La Vie). L’Insee, avec son enquête Trajectoire et origines, nous apprend que les catholiques, en France, sont passés de 43 à 25 % en douze ans (le nombre de baptêmes d’enfants a été divisé par deux en France, passant de 400 327 en l’an 2000, à 204 304 en 2019). Pendant ce temps, la France, qui compte 10 % de musulmans selon les statistiques officielles, a vu le port du voile par les femmes musulmanes progresser de 55 % en dix ans. Pour renverser la comparaison, les évêques qui ont renoncé à évangéliser et à convertir pour ne plus fabriquer que des catholiques d’exception aptes à transformer la société de l’intérieur sont aussi crédibles que les politiques qui ont désindustrialisé en expliquant que les bureaux remplaceraient les usines ou ceux qui nous promettaient que l’Union européenne était synonyme de paix et de prospérité pour tous. Mais comme il serait sot de désespérer, réjouissons-nous avec une dernière statistique, qui n’implique ni France Stratégie ni Bruno Le Maire ni Élisabeth Borne : on a baptisé à Pâques plus de 5400 adultes, chiffre qui a doublé en vingt ans. C’est autant la preuve de la déchristianisation de notre pays que la preuve que l’évangélisation est possible – et ce sont les enfants qui enseignent leurs parents. Il serait bon que les “élites” écoutent aussi ce que les tout-petits ont à leur dire.