Plus de 80% des Français inscrits sur les listes électorales se sont déplacés pour aller voter lors du premier tour de l’élection présidentielle. Une participation moindre qu’en 2007, mais nettement supérieure à 2002. S’il n’est pas certain que cela fasse un peuple, cela fera un président.
Premier enseignement : pour la première fois, un président sortant n’est pas en tête à l’issue du premier tour. Nicolas Sarkozy perd deux millions de voix par rapport à 2007, pendant que Marine Le Pen rassemble environ 6 millions d’électeurs. Du jamais vu pour le parti de la droite nationale et un échec relatif de la stratégie du président-candidat qui a jusqu’à présent axé sa campagne sur la défense des « valeurs », avec la volonté de séduire, comme en 2007, les électeurs du Front national.
Deuxième enseignement : le phénomène dit du « vote utile » permet au Parti socialiste de réaliser un excellent score qui pénalise un Jean-Luc Mélenchon descendu du piédestal où il s’était lui-même placé. Mais, si le résultat du candidat du Front de gauche paraît décevant pour ses partisans, il offre toutefois au « bloc de gauche » un niveau élevé : près de 42% des suffrages si on ajoute les 2,5% d’Éva Joly, les 1,2% de Philippe Poutou et les 0,5% de Nathalie Arthaud.
Suffisant pour que François Hollande envisage une victoire tranquille dans deux semaines ? Certains ne sont pas loin de le penser : face à la gauche d’ores et déjà unie, Nicolas Sarkozy n’a pour l’heure obtenu le ralliement d’aucun concurrent. François Bayrou et ses 8,8% pèseront lourd dans le rapport de force et l’expérience a montré qu’il n’y avait pas de report mécanique de voix du Front national vers le candidat de droite. Là est sans doute la clé du second tour de l’élection présidentielle. La « synthèse », si naturelle à gauche, n’a jamais vu le jour à droite. Entre la prise en compte du vote populaire et national de Marine Le Pen et celle des électeurs de François Bayrou qui n’ont pas les mêmes préoccupations, le président sortant aura fort à faire pour retrouver les ors du palais de l’Élysée. A quand une droite enfin rassemblée ?