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Le destin romanesque de Cécile Lauru à travers l’Europe

Pour André Paléologue.

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Le destin romanesque de Cécile Lauru à travers l’Europe

Cécile Lauru naquit le 29 juillet 1881 à Nantes dans une famille protestante et manifesta très tôt de sérieuses aptitudes musicales. Elle se consacra à l’apprentissage du piano et de l’orgue puis s’initia à l’alto et au violoncelle. La famille s’étant établie à Paris en 1899, la jeune fille approfondit non seulement l’étude de l’orgue au Conservatoire national dans la classe d’Alexandre Guilmant à partir de 1901 mais également, l’année suivante, la composition et le contrepoint auprès de Charles Tournemire, successeur de César Franck à la tribune de Sainte-Clotilde. Elle s’inscrivit en auditrice libre aux cours de composition de la Schola Cantorum qui venait d’être fondée.

Une ascension remarquée

Son cercle de relations s’élargit progressivement et elle rencontra la plupart des artistes majeurs de son temps. « J’assistai un soir au début de deux jeunes premiers prix du conservatoire, un violoniste, Jacques Thibault ,interpréta une Sonate, accompagné au piano par l’auteur, un jeune Roumain, George Enesco. Dix ans plus tard, j’entendis Enesco jouer la Sonate de Franck avec Risler le pianiste à l’ambassade de France à Berlin […]. Que d’artistes j’ai vu défiler ainsi ! » Ou encore : « J’eus la chance un jour de voir madame Pauline Viardot, la sœur de la Malibran qui, malgré ses 80 et quelques années, se mit au piano et accompagna une romance » Au début du XXe siècle, ses œuvres apparurent à l’affiche des concerts parisiens, comme en février 1903 : Catherine Laënnec (la fille du fameux docteur) interpréta son Caprice pour piano à « Musique nouvelle ».

Parrainée par Tournemire, Cécile Lauru fut admise en 1906 à la Société des compositeurs de musique et publia plusieurs partitions. La Société programma deux de ses œuvres orchestrales en mars 1907 et en mai 1908. Ses débuts de compositrice furent appréciés de ses pairs.

À la cour de Guillaume II

Recrutée en tant que Lehrerin et Erzieherin (enseignante et éducatrice) de la Princesse Victoria-Louise de Prusse, fille de Guillaume II, Cécile arriva à la résidence d’été de Kadinen le 17 juin 1903. Elle resta treize ans à la cour impériale, se partageant entre Berlin et Potsdam. Informé de la présence d’un « violoncelle français », le Kronprinz Wilhelm lui annonça avec une toute juvénile effronterie qu’il jouait du violon et suggéra l’organisation d’une soirée musicale. Non sans humour, Cécile consigna les prouesses de l’héritier de l’Empire allemand : « Le Kronprinz joue, en effet, du violon, pas mal du tout, comme quelqu’un qui aurait commencé il y a six mois. » Elle se produisit dans de nombreuses soirées artistiques, abordant un vaste répertoire majoritairement germanique mais qui n’omettait pas les auteurs français (Rameau, Massenet, Saint-Saëns). Elle assista à de mémorables concerts (Quatuor Joachim, Arthur Nikisch,…) et représentations d’opéras (Tristan und Isolde,…). Sa collaboration artistique avec la princesse Feodora von Schleswig-Holstein, sœur cadette de l’impératrice, se concrétisa par l’écriture de plusieurs Lieder. Elle composa De Kadinen à Kolberg, fantaisie pour violon et piano reflétant une pérégrination le long de la côte baltique, une Sonate pour violoncelle et piano ainsi qu’un Trio op. 21. Ses œuvres furent jouées dans la Beethovensaal de Berlin. Hans Simrock publia ses Lieder à Berlin tandis que les éditions parisiennes F. Durdilly imprimèrent en 1907 une série de mélodies sur des poèmes de Sully-Prudhomme, Ronsard, Auguste Dorchain, Leconte de Lisle.

Ses fonctions auprès de la cour impériale ayant pris fin en 1909, en accord avec les autorités françaises et bénéficiant de soutiens privés, Cécile Lauru fonda un foyer d’accueil pour « de jeunes Françaises en séjour linguistique ou étudiant la musique ». Elle y enseignait et organisait des soirées musicales, des conférences et des visites culturelles. Elle aimait à voyager avec ses amis aussi souvent que possible. La Première Guerre mondiale mit un terme brutal à l’expansion de cet établissement. Cécile Lauru fut contrainte de quitter l’Allemagne et rentra en France via la Suisse.

Synesthésie artistique

Le 5 avril 1914, elle épousa à Londres Vasile Georgescu Paleolog, un intellectuel roumain. En sa compagnie, elle fréquentait les ateliers d’artistes de Montmartre et de Montparnasse et se lia avec Modigliani, Apollinaire, Man Ray, Breton, Enescu et bien d’autres. Constantin Brâncuși comptait parmi ses intimes : un jour de 1917, constatant la précarité dans laquelle se débattait la jeune maman, l’artiste n’hésita pas une seconde à débiter à la hache une ou deux de ses sculptures pour entretenir le feu dans l’appartement de la musicienne. Après l’Armistice, il la présenta à Erik Satie. Celui-ci « incitait Brâncuși à concevoir des sculptures que l’on pourrait entendre pendant que lui-même souhaitait réaliser une vraie musique-sculpture » Il révéla à sa consœur son intérêt pour le folklore roumain qui avait conquis son oreille lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889 et qui imprègne notamment sa 5e Gnossienne. La Marche de la victoire op. 22, que Cécile dédia en 1919 à son mari, fut la dernière de ses compositions écrites sur sa terre natale.

Au cœur des Carpates

En 1923, ayant hérité de sa tante, la comtesse Alexandrescu, le domaine de Corlate dans le Sud de l’Olténie, Vasile, accompagné de sa femme et de leurs trois fils s’installa en Roumanie. Il y fit ériger un vaste manoir à l’italienne sur trois niveaux, entouré d’un parc de six hectares, s’imaginant en gentleman farmer adepte de la revalorisation agricole, à l’instar d’un Léon Tolstoï, proche de la terre et de l’âme paysanne. La découverte des premiers travaux d’ethnomusicologie tout autant que l’influence des motifs musicaux et des rythmes des Carpates enrichirent et revigorèrent le langage musical de Cécile qui atteignit alors sa maturité. Elle composa une symphonie, La foire de Tismana op. 53, basée sur trois motifs roumains et peignant les Alpes transylvaniennes, une énergique Sonate pour violon et piano op. 40 en 1928, ainsi que le poème symphonique Dimanche des Rameaux au monastère de Cozia op. 54 (1927) dont les développements usent des systèmes modaux, des rythmes et des cadences de la musique traditionnelle roumaine et de la liturgie orthodoxe. Cette exploitation du folklore la relie sans conteste au mouvement d’indyste, attentif à la richesse ancestrale des provinces. Elle dispensa des conférences sur Erik Satie ou sur le répertoire français moderne et saisit toutes les occasions pour jouer et faire entendre sa propre musique. Son poème symphonique ne verra toutefois le jour qu’en 1974, interprété par l’Orchestre Philharmonique d’État « Oltenia » sous la baguette de Teodor Costin.

Un accident fatal

En mars 1930, soucieuse d’offrir à ses fils une éducation de premier ordre, elle se réinstalla à Berlin, où ils intégrèrent la Technische Hochschule Charlottenburg. Toutefois la situation sociale et politique se dégradait de jour en jour. En 1941, fuyant le nazisme, elle regagna la Roumanie. Après la guerre, dans un pays désormais asservi à l’Union soviétique qui confisqua les terres de la famille, elle subit moult vexations. La musique demeura sa seule consolation. Étant parvenue à obtenir un visa pour la France, elle regagna enfin Paris. Trois jours après son arrivée dans la capitale, le 5 mars 1959, elle fut renversée par un camion aux Champs-Élysées, sur le trajet qu’elle empruntait jadis pour se rendre à ses cours de musique au Conservatoire. Elle décéda quelques heures plus tard, à 77 ans, à l’hôpital Marmottan.

 

Illustration : Cécile Lauru au violoncelle, à 21 ans.

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