Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Pour les sceptiques de la première heure, un tel livre ne peut venir que satisfaire et renforcer l’intime conviction que tout le discours imposé et répété à l’envi pendant la période du Covid 19 faisait davantage figure d’argument d’autorité que d’argument raisonné et scientifique.
Libre à chacun bien évidemment de lire, contester ou préciser les éléments figurant dans cet ouvrage, il n’en demeure pas moins que Pierre Chaillot, statisticien, propose ici une analyse fouillée, rigoureuse et transparente du contexte de l’époque à travers les chiffres officiels et publiés, en reprenant toutes les « vérités » assénées qui ont justifié les mesures mises en place.
C’est ainsi que nous pouvons lire que la mise en place d’une méthode standardisée et portant sur plusieurs années démontre que l’année 2020 n’a pas été l’année d’hécatombe annoncée comparativement à 2015, par exemple. De même, pour ce qui est de la saturation des hôpitaux, seules 2 % des hospitalisations en 2020 ont concerné les cas Covid. La notion d’épidémie a été qualifiée uniquement sur le nombre de tests positifs, peu importe que les personnes soient malades ou bien portantes, le test devenant le baromètre d’une psychose que la réalité chiffrée peine à justifier. Pierre Chaillot rappelle également le poids de la bureaucratie sanitaire, véritable fléau de ces dernières années, où la codification conjuguée à la tarification à l’acte ont permis de concevoir le soin sous un angle purement statistique, et d’en promouvoir les solutions associées, impactant de fait les hôpitaux en les incitant à opter pour les classifications les plus rentables. Le Covid a ainsi bénéficié, découvre-t-on, d’un code d’urgence qui s’est avéré bien plus rentable que la codification de la grippe ou prenant le pas sur des pathologies plus classiques, faussant ainsi les remontées de chiffres.
Pierre Chaillot analyse aussi les chiffres de la pharmacovigilance, les signes de mortalités post-vaccinales, la désorganisation du parcours de soin et l’interdiction faite aux généralistes de soigner, provoquant dans certains hôpitaux des engorgements de patients en état critique, pris en charge trop tardivement, la mise en place du décret Rivotril pour les personnes âgées qui auraient été considérées trop malades pour aller en soins palliatifs, les conflits d’intérêt et l’importance donnée aux cabinets de conseil.
La dynamique de consensus entre industries pharmaceutiques, médias, cabinets de conseils et « experts » autorisés, écartant volontairement toute analyse critique, est terrifiante. Elle avait déjà été dénoncée lors de la « crise » du H1N1 où il avait été mis en avant que l’OMS avait déclenché une panique mondiale sans rechercher ou vérifier le critère de gravité. L’histoire se répète ici avec une plus grande ampleur et a fait fi de toutes les leçons tirées précédemment.
Les questions sont posées dans cet ouvrage et les conclusions qu’en tire Pierre Chaillot sont glaçantes. Y avait-il une réelle et consciente volonté de nuire ? le poids des lobbies pharmaceutiques est-il si puissant aujourd’hui que l’éthique et la politique en la matière ne font plus qu’un ? Il en ressort que les grands gagnants de cette période sont indubitablement les industries pharmaceutiques et tous les grands fonds qui en sont les actionnaires.
La colère légitime de l’auteur est palpable et apporte une certaine radicalité à cette analyse. Cependant, même si les chiffres ne sont pas le tout d’une situation si complexe, ce livre est essentiel pour aiguiser l’esprit critique, comme apport et support à l’étude de cette période pour laquelle les citoyens sont en droit de demander des comptes.
Pierre Chaillot, Covid 19 ce que révèlent les chiffres officiels, L’artilleur, 2023, 472 p., 22€