Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Voilà un très beau livre et qui traite d’un sujet qui relève en lui-même de l’excellence. L’excellence y ruisselle à pleine page et, pourtant, le rare y reste le rare, le sublime toujours sublime.
Car il s’agit du sauternes, le vin d’or, et pas n’importe lequel, le sauternes des Lur Saluces en leur antique citadelle de Fargues, noblesse du sang, noblesse de la terre, noblesse de la vigne, noblesse du vin ; tous les quartiers y sont, avec la longue veille d’arme du temps immémorial et l’honneur chevaleresque de perpétuer le meilleur de la civilisation.
La plume et la science d’Hélène Farnault, spécialiste – car c’est la plus précieuse des spécialités – de l’Excellence française, des métiers d’art et de l’art de vivre sur lesquels elle a longuement travaillé et écrit, ont apporté le plus complet des talents dans l’écriture de chapitres radieux et chatoyants, aussi lumineux et savoureux qu’une bouteille du château de Fargues ; et les photos de François Poncet, maître d’art en images pour les vins, les châteaux, les grands crus, et la gastronomie qui les accompagne ou s’en accompagne, illustrent le sujet avec une touche, une finesse, une tendresse exceptionnelles où la fête de la nature et de l’homme est célébrée comme une noce, images qui immortalisent le moment fugitif, celui qui tend vers la perfection de l’union.
Notre ami Alexandre de Lur Saluces, fidèle à la tradition de sa race, a relevé le défi de l’excellence. Il l’avait fait à la perfection à Yquem qui était dans les seigneuries de sa famille depuis le XVIIIe siècle, mais il lui a fallu céder à son corps défendant le prestigieux grand cru ; alors il renouvelle l’exploit de l’absolue suréminence sur cette autre et plus ancienne seigneurie de sa famille, la citadelle « clémentine » de Fargues, dont il poursuit après son oncle Bertrand la restauration. Car les Lur Saluces, depuis la fameuse Françoise-Joséphine, au XVIIIe siècle, se sont totalement impliqués dans la confection du plus noble des vins, celui qui anoblit la pourriture – tel est le terme : « pourriture noble » – le fameux Botrytis cinerea, pour transformer son action en perfectionnement qualitatif minutieux et pour aboutir à la merveille des merveilles, au gré des millésimes.
Il y faut le travail de l’homme et c’est ce que raconte et montre magnifiquement le livre, du cep – un verre par cep – à la vendange, spéciale elle aussi, de la vendange au chai, du chai à la barrique, de la barrique à la bouteille, et on en passe : que de métiers, des plus fins, des plus vertueux qui se laissent dicter leur loi par le goût le plus subtil. Le livre s’achève – et c’est bien normal – par les plus raffinées recettes de cuisine élaborées par les chefs les plus renommés.
Oui, Alexandre, marquis de Lur Saluces, a bien mérité de sa famille, de son château de Fargues, du sauternais et du sauternes, de son pays, la France éternelle, de la civilisation et de la religion qui la fonde où le vin a, comme chacun sait, la première place. Il transmet l’héritage à son fils Philippe qui s’investit à Fargues dans la suite de son père et de ses aïeux avec la même ardeur et la même foi. « Noch », dit la devise des Lur Saluces. C’est-à-dire : « Encore » ! Oui, encore et toujours.