Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Bruno Lafourcade observe le monde. Quelque effort qu’il fasse, il en perçoit surtout la laideur satisfaite et arrogante.
Il est vrai que cette laideur nous est infligée à grands renfort de touites de Taubira, de messages informatifs des ministères, d’entretiens avec Virginie Despentes et de chanteuses comme Yseult : difficile d’y échapper. Mais Bruno Lafourcade nous offre un vrai bonheur : il ramasse cette laideur, il l’entasse dans ses corbeilles, il la fait cuire dans ses fourneaux, il la distille dans ses alambics et il en tire des nourritures qui tiennent à la fois du biscuit sablé, du fromage sec et du miel, comme un vin sec un peu amer à déguster à petites gorgées. Voici des chroniques, des fantaisies, des nouvelles droit sorties de ces quatre dernières années, embaumées de Covid, parfumées d’immigration, poivrées de Macron. L’écrivain nous restitue les déclarations aberrantes des politiques (Laetitia Avia !), assorties de commentaires grammaticaux, les touites funèbres de Taubira, charognard de haut-vol, et épingle toute la clique médiatique, Yseult et Clémentine Autain rhabillées en allégories du Bon Goût Tendant la Main à la Vertu Offensée. On sourit, on rit, et puis on pleure. Si Lafourcade sait si bien moquer cette époque, c’est qu’il est sensible à son effroyable pouvoir de destruction. La France disparaît sous mille assauts, des principes les plus sacrés aux laideurs les plus communes. De la chanteuse Aya Nakamura, célébrée par les macronistes, il écrit « Ça n’est pas une femme, ni de la chanson, ni des mots, ni de la musique. C’est d’abord inouï. Ça n’a pas de passé, mais c’est notre présent – où tout nous échappe. » Entre deux saillies, les aphorismes se glissent. « Tout est bruyant parce que tout est conquête ; tout est bruit, parce que tout est conquis. » L’auteur a pris le parti de la langue et ce parti est devenu aussi radical que nécessaire.