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A Paris, la science préhistorique au service de l’idéologie

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A Paris, la science préhistorique au service de l’idéologie

Une conférence du Musée de l’homme sur les violences durant le paléolithique ? On en ressort avec des images de singes bonobos, la condamnation implicite des sociétés européennes et des attaques hors de propos contre l’œuvre de René Girard… Un militantisme qui n’est pas isolé dans la recherche archéologique française.

A Paris, la science archéologique est militante. Impossible ! Si, mon bon monsieur.

Il y a six mois, le Musée de l’homme organisait un débat ouvert au grand public sur les « Races : pour en finir avec les fantasmes racistes ! ». Un thème étrangement dans l’air du temps.

En novembre 2013, c’est le président de l’Institut national de la recherche archéologique préventive qui – dans une longue introduction à un livre passionnant sur les trouvailles faites en France ces dix dernières années – mettait en garde son lecteur : aucune descendance identitaire n’était imaginable, la France était de tous temps une terre d’immigration et de métissage. Et le livre de sur-représenter les découvertes des quartiers juifs du Moyen-Age, « l’influence arabe dans le sud de la France » ou encore ces « colons du Moyen-Orient qui ont apporté sur notre sol l’agriculture et l’élevage ».

« Une responsabilité face à tel parti d’extrême-droite » !

A la fin des années 90 déjà, la publication de La plus belle histoire de l’homme – comment la Terre devint humaine (éd. du Seuil) où figuraient certains des plus éminents spécialistes français (Jean Clottes, Jean Guilaine), concluait par un chapitre intitulé « Le mélange, c’est la diversité ». Un chercheur y clamait qu’il existait une « responsabilité de ceux qui détiennent le savoir scientifique », notamment face à « tel parti d’extrême-droite » !

Le phénomène peut même se transformer en cabale contre les recherches les plus novatrices. En 2006, Anne Dambricourt-Malassé était la cible d’attaques virulentes pour avoir proposé une théorie non darwinienne de l’évolution. La thèse de cette anthropologue du CNRS spécialisée dans les squelettes n’a pas été démentie depuis. Les causes du malaise étaient ailleurs : la scientifique profitait de ses dimanches pour aller à l’Église… Un fait gravissime pour la communauté préhistorique parisienne.

Tout ceci n’est-il que hasard ? Il est à noter que tous les responsables des instituts de recherche mentionnés sont choisis et nommés dans les cénacles gouvernementaux, en raison de leur statut public. Des établissements dans lesquels les guerres d’influence entre ‘courants de pensée philosophiques’ font rage. De là à croire qu’une mission éducatrice version Ferry leur est assignée, il n’y a qu’un pas … que nous ne franchirons pas ici…

Au Musée de l’homme, on n’aime pas René Girard

Le 18 septembre dernier, le Musée de l’homme organisait une conférence de Marylène Patou-Mathis, éminente préhistorienne, sur les traces de violences au paléolithique.

Le public a été servi. Problème, l’éminente préhistorienne ne s’arrêtait pas en si bon chemin. Elle avait été chargée – ou s’était chargée toute seule – d’une mission éducatrice. Celle de nous prouver par image 3D reconstituée que la femme de Neandertal ressemblait à une africaine avec peau noire et cheveux crépus. Celle de nous faire « un clin d’œil » en concluant son exposé par la projection … d’un singe bonobo (clin d’œil à qui ? Au sujet de quoi ?).

Et la guerre dans tout ça ? La présentatrice en a peu parlé, mais elle s’est attardée sur la violence. Celle-ci est « une question de valeurs », a-t-elle tranché. Mais il ne faudrait pas confondre la violence et l’agressivité, « dont les études ont montré qu’elle est essentielle aux espèces pour survivre ». Et de nous donner un exemple : « J’ai eu la chance énorme de vivre avec des bushmen du Kalahari [des chasseurs-cueilleurs africains] et leur culture n’est pas violente en tant que telle. Ils n’ont montré de l’agressivité que quand les Blancs sont arrivés… ».

Nos préhistoriens connaissent l’Évolution … en avance !

C’est dans ce contexte que notre éminente préhistorienne sort de son chapeau … René Girard, à seule fin de le démentir. « Il n’y a pas de preuve de cette violence primitive, chère à René Girard » balance-t-elle soudainement. L’homme aurait fait « toute une construction intellectuelle pour déboucher sur la culture chrétienne qui aurait combattu la violence ; mais ça ne se fonde sur aucune donnée anthropologique ou archéologique ». Et de répéter par trois fois son propos. Un auditeur pose alors une question : que vient faire René Girard dans ce débat sur la préhistoire, lui qui a essentiellement étudié le phénomène de mimétisme et de bouc-émissaire dans les sociétés humaines avancées, notamment à partir de la mythologie grecque et hébraïque ? Embrouillamini de l’éminente préhistorienne.

Et ce n’est pas fini. Suite à une question sur les Néandertaliens, notre éminente spécialiste rappelait qu’ils avaient vécu 300 000 ans, alors que « nous » (?) n’avions vécu que 200 000 ans [référence à l’espèce homo sapiens]. « Comment sera-t-on dans 100 000 ans ? Peut-être des post-humains, on parle pas mal de ça en ce moment, assure-t-elle avec une pointe d’humour. Certains pensent que l’espèce humaine pourrait se mélanger, et que le type universel serait celui du Brésilien… ». Avec le Musée de l’homme, on connaît désormais l’Évolution en avance !

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