Notre ami Gérard Bedel est décédé cette année. C’est une grande perte pour notre famille de pensée. Sa vaste culture, son jugement d’une parfaite rectitude lui permettaient d’aborder toutes les graves questions politiques, philosophiques, religieuses qui nous préoccupent aujourd’hui.
Avant de nous quitter, il écrivit un Jacques Bainville qui vient juste d’être publié. Ce livre est remarquable de fine sagacité. Il ne se prétend pas une biographie, ni même une étude approfondie et systématique de l’œuvre. Dominique Decherf, Christophe Dickès ont accompli à merveille cette tâche. Non, chapitre après chapitre, abordant les multiples facettes de cette personnalité discrète, voire secrète, mais en même temps si pleine de talents, il essaie de cerner la figure, les traits, le caractère, l’esprit de celui qui fut, parmi les amis et compagnons de Maurras, l’un des plus fidèles, des plus sûrs, des plus dévoués. Gérard Bedel se fait un plaisir de nous promener dans la vie et l’œuvre de cet homme charmant, étincelant à ses heures, mais toujours pudique et réservé. Il avait un avis sur presque tout et ses avis étaient des convictions mêlées de certitudes et d’ironies, dites dans un style d’une simplicité et d’une précision qui étaient le suprême degré de la maîtrise et de l’élégance.
Journalisme, théâtre, critique littéraire, histoire, finance, économie, littérature… Un conte de Bainville vaut bien un conte de Voltaire. Bainville est un pur écrivain de la langue française la plus pure. Son Napoléon est un chef d’œuvre d’intelligence historique et de clarté rédactionnelle.
Et Gérard Bedel va jusqu’à l’intime : il dissipe bien des sottises qui ont été débitées sur le sujet. Les gens qui croient savoir souvent ne savent rien. Maurras devait en connaître plus que quiconque sur celui qu’il connut si jeune et qu’il orienta dans ce qu’il est permis de nommer sa vocation.
Gérard Bedel, Jacques Bainville, La sagesse politique d’un gentilhomme des lettres, éditions d’Action française ; 380 p. ; 18€