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Georges Bidault

C’est bien d’avoir écrit cette biographie de Georges Bidault.

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Georges Bidault

Maxime Tandonnet qui a écrit une puissante biographie d’André Tardieu, l’incompris, un autre livre sur Les Parias de la République, et de nombreux essais politiques, en particulier sur la question migratoire, tente de cerner la personnalité étonnante et déroutante de celui qui fut successivement disciple de Marc Sangnier et de Francisque Gay, éditorialiste au journal démocrate-chrétien L’Aube, professeur d’histoire passionné de politique, engagé dans le combat républicain, puis résistant de la première heure, clandestin, compagnon, ami, successeur de Jean Moulin à la tête du CNR, Conseil National de la Résistance, proche du général De Gaulle en 1944-1946, mais sans l’être vraiment, ministre sous la IVe République, Affaires étrangères et présidence du Conseil, prenant des positions de plus en plus fermes sur les questions fondamentales de la conception politique d’une nation libre, maîtresse de son histoire et de son destin, qui se posaient dans l’après-guerre, refusant l’alignement progressiste et l’acceptation du déclin, et cherchant une issue aux problèmes de la France de l’époque, Alliance atlantique, lutte contre le communisme expansionniste, colonies, affaire d’Indochine et d’Algérie. Notre auteur le suit pas à pas. Il en dresse un portrait psychologique très fin, tant dans ses défauts considérables que dans ses qualités éminentes.

Le vrai problème de Bidault, c’est que, toute sa vie, son patriotisme incontestable et intransigeant fut en lutte avec ses affiliations idéologiques, sans qu’il s’en rendît même compte, car il était, en fait, au milieu des turpitudes politiciennes, d’une incroyable candeur. Non, il n’a pas dérivé. Non, c’est bien lui qui représente le courage, l’honneur et même la vision historique véritable, sinon politique. De Gaulle a été ignoble avec lui comme avec tant d’autres, dès les années de la Résistance, dès la Libération, le méprisant comme il méprisait tout ce qui n’était pas lui, le trompant, lui mentant, n’ayant souci que de son propre pouvoir, de son accession au pouvoir. Puis ce fut la duperie de l’Algérie française où la trahison et le mensonge furent érigés en raison d’État.

Georges Bidault et sa femme Suzanne ont choisi, en renonçant à tous les honneurs, la voie de la vérité. Maxime Tandonnet lui rend justice, et c’est bien, tout en n’y croyant guère. Certes il n’a pas choisi le vent de l’histoire mais, après tout, il est permis de penser que, malgré les apparences, c’est lui qui avait raison. À preuve, la suite ! Perdre l’Algérie, c’était – mais il faut oser le dire –, préparer les malheurs de la France et de l’Algérie d’aujourd’hui. Macron n’y pourra rien. Il fallait trouver la solution à l’époque ! Et la bonne !

Ces propos sont un jugement personnel. Maxime Tandonnet se garde – sans doute avec raison – de porter des jugements aussi prononcés. Personnellement, je me souviens dans ma jeunesse “Algérie française” d’avoir entendu de vive voix Georges Bidault reconnaître que l’Action française – son ennemie de jeunesse ! – avait sans doute vu juste sur bien des points politiques. Il était déchiré, c’est vrai.

 Illustration : Maxime Tandonnet, Georges Bidault, Perrin, 360 p., 23,50€

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