Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Quand il écrivit sa Vie de Jésus (Fayard, 2011), Jean-Christian Petitfils mobilisa le Saint Suaire comme l’un des documents originaux, probants et authentiques que l’historien honnête ne peut écarter.
C’était intelligent, c’était surtout courageux : la datation au carbone 14 de 1988 n’avait-elle pas définitivement prouvé que le suaire n’était qu’un faux médiéval ? Eh bien non. Tout l’intérêt de l’ouvrage qu’il vient de faire paraître est dans le récit soigneux mais clair des controverses, dans la collection minutieuse des faits et des preuves. L’auteur établit d’abord la “généalogie” du Saint Suaire, c’est-à-dire la manière dont il voyage de la Palestine jusqu’à Turin –voyage qui ne fut pas sans effet sur l’évolution des représentations du Christ à travers les siècles, sujet abordé dans la dernière partie –, puis discute ce que dit la science, qui ne se borne pas à dater le tissu mais doit répondre à des questions précises, et encore sans réponses : comment un faussaire médiéval aurait-il pu imaginer une projection tridimensionnelle en négatif ? avec des détails anatomiques parfaits dans l’écoulement du sang ? Comment expliquer les pollens palestiniens découverts sur le tissu, ou les détails révélés par l’analyse des images 3D, montrant des pièces frappées en Palestine au premier siècle, posées sur les paupières, ou les inscriptions en grec archaïque ? Comment expliquer, d’abord et surtout, la totale absence de pigments ? …
À défaut de tout expliquer, puisque personne n’y est encore arrivé, Jean-Christian Petitfils fait merveilleusement sentir quels sont les enjeux scientifiques et quelle est la fièvre anticléricale, montre la mauvaise foi de ceux qui privilégient un argument et rejettent toutes les autres preuves, manifeste l’honnêteté de ceux qui trouvent mais ne savent pas expliquer et, comme eux, loin de considérer 1988 comme une preuve irréfutable, raconte tout ce qui s’est passé après, qui a abouti à déconsidérer totalement cette datation et à accumuler d’autres preuves troublantes de l’authenticité de la relique. Relique que l’historien transforme enfin en bouleversant témoignage (« témoin muet mais étonnamment éloquent », comme disait saint Jean-Paul II) de la Passion du Christ mais aussi de sa résurrection, mystérieuse mais réelle et physique transformation : l’image impalpable a été formée « comme si le linceul, en s’affaissant [le corps glorieux se retirant de cette enveloppe de tissu], avait scanné le corps de Jésus. » Jean-Christian Petitfils a écrit un livre complet, passionnant, sans cesse éclairé par une foi qui n’abdique jamais la raison et se garde du merveilleux facile.