Recevez la lettre mensuelle de Politique Magazine

Fermer
Facebook Twitter Youtube

Article consultable sur https://politiquemagazine.fr

Merci pour les sons

Le label créé par le percussionniste Florent Jodelet sort son troisième opus consacré au compositeur, chef d’orchestre et pédagogue Laurent Cuniot (né en 1957).

Facebook Twitter Email Imprimer

Merci pour les sons

« Pour lui, estime Bruno Mantovani, la musique est affaire de son et avant tout de beau son. Il est immunisé contre les deux maladies de la fin du XXe siècle, à savoir l’aridité d’un côté et la nostalgie de l’autre. » Une, pour vibraphone, percussion et onze instruments, chante l’éternel féminin. Didier Lamare signe un texte de présentation pertinent et documenté : « Le principal enjeu de ce portrait d’aujourd’hui qui traverse les âges : se tenir sur la ligne de crête délicate où les couleurs intimes se réinventent sans tomber dans les conventions du néoromantisme. Les lames réverbérées du vibraphone, l’usage de la micro-tonalité, le goût des timbres mêlés, le toucher des textures rythmiques y parviennent au point de débarrasser l’écoute de tous les clichés et de se sentir entrer dans un domaine qui est autant celui du chuchotement que de la submersion. »

Passant de l’effleurement du silence au déchaînement rythmique, Efji constitue le morceau le plus fascinant de cet album et assurément un sommet du répertoire pour percussion solo. Merveilleux d’énergie, le virtuose Florent Jodelet fait corps avec son instrumentarium classique augmenté d’idiophones : « maracas et caxixis, binzasara et cencerros, gamelans et gongs, carillon des angklungs et peaux accordées tendues sur les tubes des boo-bams. » Au défi des combinaisons instrumentales et de la volupté sonore s’ajoute la volonté de faire dialoguer des mondes lointains d’une manière proprement inouïe.

Autre pièce maîtresse, Reverse Flows (courants contraires) pour alto, treize instruments et électronique nous entraîne dans une étrange et mouvante dramaturgie marine où des déferlements hardis alternent avec des plages de suspension gracile (employant la mélodie de timbres que Schönberg développa dans son Matin d’été au bord d’un lac). « Un traitement électronique du son en temps réel ouvre et amplifie des espaces additionnels. » La pièce s’achève par l’irréel postlude d’« une étale d’écume scintillante sur le velouté d’un sable très fin. »

 

 Laurent Cuniot, Une, Efji, Reverse Flows, Florent Jodelet, percussions, Geneviève Strosser, alto, Ensemble TM+, direction : Laurent Cuniot, Marc Desmons, 1 CD Merci Pour Les Sons.

Facebook Twitter Email Imprimer

Abonnez-vous Abonnement Faire un don

Articles liés