Afin de dépeindre des personnages mythologiques, il a élaboré le « conte-concerto », sorte de fresque narrative où l’écriture se subordonne moins à la mise en valeur du soliste qu’aux épisodes biographiques de la vie des héros. Poésie et lyrisme caractérisent son écriture limpide et suggestive.

Dans Ganymède, l’alto – instrument intermédiaire entre le violon et le violoncelle – incarne l’androgyne. Sont successivement évoqués le rapt du jeune mortel par l’aigle, sa séduction par Zeus dont la voix virile est exprimée par le trombone, l’air à boire de l’échanson et enfin sa transfiguration en astre satellite de la planète Jupiter.

Une étrange et prenante densité émane d’Ulysse, pour saxophone alto et petit orchestre. La peinture subtile et efficace de scènes célèbres de l’Odyssée nous transporte : cordes et claviers disent la mouvance marine, les sirènes envoûtent, le cyclope effraie et le retour à Ithaque apporte l’apaisement après une vie d’aventures.

Cantate rassemblant sept poèmes liés par des éléments organiques récurrents, Sappho fut conçue pour voix, alto et piano. La formation originale est semblable à celle de l’opus 91 de Johannes Brahms ou des Three songs de Franck Bridge. « L’alto vient à nouveau traduire l’ambiguïté amoureuse. Il est tour à tour voix-miroir, interlocuteur ou commentateur ; tandis que le piano campe les décors et amplifie les états psychologiques », précise le compositeur. Le timbre chaleureux de la mezzo Laura Presti séduit, mais on ne comprend pas grand’chose à ce qu’elle chante. Une écoute livret en main s’impose donc.

 Olivier Kaspar, Figures grecques, Ensemble Circum Voces, Clément Batrel-Génin, alto, Thibaut Canaval, saxophone, Laura Presti, mezzo, dir. Olivier Kaspar, 1 CD Europa Lyrica