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Nationalistes et antilibéraux

Un livre qui mêle Drumont et la Comtesse de Ségur, Dom Guéranger et Céline, Maurras et Dupanloup, proclame assez, dès la table de matière, la liberté d’esprit et la culture de son auteur.

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Nationalistes et antilibéraux

Sous-titré Flâneries littéraires hors des sentiers battus, et nanti d’un avertissement narquois aux parents sur la faible teneur en valeurs républicaines des écrivains étudiés, ce recueil d’essais nous emmène allègrement à la redécouverte d’auteurs connus mais ici éclairés par la science de l’auteur, vivifiés par la vivacité de sa plume, enfin nettoyés de la gangue de l’histoire officielle.

Voici « Drumont sans les juifs » où l’on apprend à goûter son style, son socialisme tempéré et son avis sur la Commune, dont il affirme que les pires horreurs furent déchaînées par les Bourgeois enfiévrés bien plus que par les ouvriers. Voici « L’invention d’un écrivain » qui retrace l’entrée en littérature de la Comtesse de Ségur sous l’égide de Veuillot, avec un délicieux paragraphe consacré à la Crédibilité d’Arlette de Pitray – car Grégoire Celier, quand il s’empare d’un sujet, s’abîme avec bonheur dans la joie de tout lire et le quintessencie ensuite pour notre plaisir paresseux. On le sent baigné dans son sujet au point que lorsqu’il écrit « À cette époque le vent était à l’irréligion » on croirait qu’il a vécu 1806 et la naissance de Melchior du Lac, grand journaliste catholique qui passa par Solesmes et travailla avec Veuillot.

On imagine bien, avec le méconnu Melchior, d’un essai à l’autre, comment l’auteur, fidèle à sa méthode de tout savoir sur un écrivain ou un thème, a fini, débutant par Veuillot ou Guéranger, par son intérêt pour la liturgie ou par sa tristesse à voir de grands catholiques rayés des mémoires, par esquisser cette petite constellation où Ségur, Veuillot, du Lac, Guéranger et Dupanloup se répondent, cependant que Barrès, Maurras (le chapitre qui est consacré à « L’Action française et la “politique romaine” » est parfait), Mgr Benigni, Drumont et Céline dessinent juste à côté un autre pan de ciel. À chaque fois, le politique côtoie le littéraire et on sent qu’il s’agit surtout ni de jeter aux orties un auteur sous prétexte de ses opinions, ni de l’exalter pour ses opinions au détriment de ses mérites d’ouvrier de la langue. Bref, de se promener assez librement dans les vieilles bibliothèques en oubliant un peu le bruit du siècle.

 Abbé Grégoire Célier, XIXe parallèle, éditions Via Romana, 2022, 346 pages, 24 €.

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