Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Ce livre est une traduction française de l’œuvre d’un philosophe italien Miguel Cuartero Samperi, à l’origine une thèse universitaire sur Thomas More. Rien n’est plus passionnant ni plus approprié à notre modernité que la vie, la pensée, l’exemple de Thomas More.
Le sous-titre de l’ouvrage « La lumière de la conscience » en donne la raison. Encore faut-il comprendre ce que signifie au juste ce mot de conscience, tant les fausses philosophies modernes ont tout galvaudé en ce domaine. L’étude est remarquable et se lit avec facilité. Rien à voir avec l’individualisme, le subjectivisme, le solipsisme qui revendiquent des droits à tort et à travers pour justifier des comportements que précisément la conscience droite et éclairée réprouve. Thomas More domine son temps de sa haute sagesse, et tout ce qui s’est ensuivi. Il est l’anti-Luther par excellence, le contraire de cet homme qui fait de son moi – et des problèmes de son moi – le principe non seulement de sa révolte personnelle, mais d’une révolution universelle où la justification de l’action se cherche dans le caractère absolu – et en l’occurrence religieux – attribué par une volonté dépravée à la compréhension idéologique que l’esprit se fabrique pour expliquer la vie et le monde, sa vie et son monde, bref sa conception du salut. Mais le salut ne relève pas d’une conception ! More, c’est l’anti-totalitaire, qui sans le dire fait la leçon à tous les régimes qui prétendent réguler la vie des citoyens, leur religion ou leur non-religion, leur famille, leur éducation, leur vie sociale du commencement à la fin – et pourquoi pas leur santé ? –, leurs conceptions intellectuelles qui doivent nécessairement se plier à la doxa officielle, bref tout notre bel aujourd’hui.
L’auteur commence par établir un rapprochement savant entre Socrate et More. More, l’ami d’Érasme et des humanistes de son temps, était l’un des hommes les plus cultivés d’Angleterre, helléniste autant que latiniste, aimant lire son Nouveau Testament en grec. Socrate était l’homme de l’esprit juste, obéissant à son daimon, sa règle intérieure qui n’était pas son caprice mais qui était la voix du dieu, objective, délivrée par le Logos qui fixe la loi imprescriptible du juste et de l’injuste, du vrai et du faux, celle qu’invoque Antigone. Socrate sera condamné injustement par une démocratie totalitaire qui ne supportait pas de recevoir une leçon de justice raisonnée. Thomas More sera condamné de la même façon par un roi qui, transgressant la règle morale, prétendait s’établir comme chef de la religion. Thomas More détermina sa conduite sur sa conviction intime, en argumentant selon un droit objectif et en réservant sa conscience. Admirable défense qui fut cause de sa condamnation. Il ne songea plus alors qu’à l’imitation du Christ, écrivant en prison avec un charbon des pages d’une profondeur mystique incomparable. C’était son âme qui s’exprimait. Celle même qui souriait avec ses proches, sa fille, avec ses amis et qui écrivait, de sa plume ironique, sa fameuse Utopie dont le sens a été fort mal compris, à l’inverse même de ce qu’elle suggère. Thomas More un prophète qui parle à notre temps.