Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Fidèles à leur tradition de bousculer les idées reçues, les Cahiers de L’Herne sont à leur affaire avec Charles Maurras. Que de têtes calomnieuses à couper sur l’hydre bien-pensante et maldisante! Comme à l’accoutumée, il y a de tout dans ce florilège: des études approfondies et érudites, parfois rédigées avec alacrité, causeries que l’on aimerait prolonger, parfois en lourds pavés, des témoignages et des extraits de correspondance qui saisissent l’homme sur le vif, des anecdotes aux détails significatifs, sans oublier quelques-uns de ses écrits, bien choisis, certes, mais qu’on souhaiterait plus nombreux, pour notre agrément (mais ils ne sont là que pour illustrer des propos). Il s’agit, bien entendu, d’un choix, qui dut être particulièrement difficile, et les grincheux -il y en a toujours et il en faut- s’étonneront d’omissions scandaleuses, tant dans les quelques textes présentés de l’auteur que dans certains aperçus négligés de l’homme. Surtout, il serait facile de prolonger la liste des contributeurs jugés indispensables, et ici absents. Ce cahier ne nous montre guère que des manifestations d’admiration ou du moins d’estime, et d’amitié ou du moins de sympathie. On sait qu’elles ne lui ont pas manqué de son vivant, mais que, une fois reconnue sa place parmi ses pairs, il se soucia peu des encens ni des honneurs. Il eut aussi beaucoup d’adversaires, et non des moindres ; ont-ils manqué à ce point de discernement à son égard, qu’il soit inconvenant de les citer, en dédaignant, bien sûr, ce qui ne fut que rancœurs, envies jalouses et éructations haineuses ?
On se préoccupe aujourd’hui, sinon de réhabiliter, du moins de faire la part du talent littéraire, chez des écrivains réputés infréquentables. Charles Maurras échappe à cette considération : il reste le parangon maudit, auquel on ne se réfère que pour un maximum d’exécration, dans les médias qui s’adressent au grand public. Pourtant, il ne se passe pas de saison que des colloques, des mémoires, des publications, ne traitent, to the happy few’s, de quelques aspects de son œuvre ou de sa vie. C’est que sa lucidité reste encore du plus grand danger pour la Pensée unique perverse et dominante qui refuse les faits et la raison.
Il convient donc de célébrer la parution de ce Cahier qui permet d’approcher un personnage si complexe. Il en aurait sans doute été furieux, lui qui celait avec soin son secret ontologique dans des contes et des poèmes volontairement hermétiques, et ne voulait être suivi que dans son action politique publique. Il nous reste à accomplir le travail considérable de commenter chacune des contributions et de suivre les filons qu’elles nous révèlent.
Maurras, cahier dirigé par Stéphane Giocanti et Axel Tisserand, éditions de l’Herne (lherne@lherne.com), 87 articles, 392 pages, 39 euros.