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Quelle politique écologique ?

L’écologie n’a basculé à gauche que progressivement, EELV oubliant au passage la véritable écologie au profit d’un surprenant gauchisme sociétal et technologique. Le groupe Action Écologie a produit une analyse critique de cet écologisme dévoyé. Mais où sont ses propositions ?

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Quelle politique écologique ?

L’urgence des problèmes environnementaux (questions climatiques incluses) a propulsé les écologistes, au point d’assurer d’importants succès électoraux à leur principal parti EELV, qui a conquis bien des cités (dont celles de Lyon, Strasbourg, Poitiers et Bordeaux, venant s’ajouter à Grenoble, emportée en 2014) lors des municipales de l’automne dernier. 

Pourtant, à peine élus, les maires EELV ont suscité des émois, des manifestations d’irritation, voire d’inquiétude, chez leurs administrés, tels Pierre Hurmic à Bordeaux, Léonore Moncond’huy, à Poitiers, ou Grégory Doucet à Lyon. Et, au sein des partis politiques traditionnels, notamment ceux de la droite républicaine, on fustige leur fanatisme doctrinaire, leurs initiatives liberticides, le caractère économiquement délétère de leur programme, et leur catastrophisme. On les accuse de ramener l’humanité à l’âge de pierre, ou, au contraire, de l’acheminer vers un meilleur des mondes aseptisé, totalitaire, et grevé d’interdictions, obligatoirement végétarien, à bas niveau de vie et au mode d’existence spartiate. En outre, on conteste l’efficacité de leurs préconisations, jugées, au contraire, contre-productives. Et, force est de reconnaître que cette vision des écologistes actuels n’est pas infondée. EELV, la principale formation politique écologiste de notre pays, encourt, en effet, fort justement, ces divers reproches. 

L’enracinement à l’extrême gauche d’EELV

Un court rappel historique s’impose ici. En France, l’écologie militante apparaît au début des années 1970. En novembre 1972 est lancé le premier hebdomadaire écologiste, La Gueule ouverte. Et, déjà, l’écologisme se situe résolument à gauche. Le fondateur du journal, Pierre Fournier, militant pacifiste, travaille à Charlie Hebdo, et il entraîne, dans son périodique vert, Cavanna, Wolinski, Reiser, et autres vedettes du « journal bête et méchant », c’est dire. La ligne de son journal sera constamment anarchiste et anticapitaliste. 

En novembre 1974 naîtra le Mouvement écologique, lequel deviendra la Coordination interrégionale des mouvements écologiques (CIME, juillet 1978), puis le Mouvement d’écologie politique (février 1980), et enfin Les Verts (novembre 1982).  Ce parti, à travers ses mues successives, ne se situe pas franchement à gauche en un premier temps. Et son chef, Antoine Waechter (1984-1994) tient ses distances avec cette dernière. Lui-même n’est qu’un ingénieur écologue engagé en faveur de la préservation de la faune et de la nature en général. Beaucoup lui ressemblent au sein du parti et gardent celui-ci d’une dérive à gauche. Encore les Verts inclinent-ils en faveur d’un coopératisme autogestionnaire en économie et se montrent-ils des fédéralistes européens convaincus. Mais le parti bascule à gauche au début de la dernière décennie du siècle précédent, à la faveur d’un coup de force perpétré par son aile extrémiste avec le concours actif des médias proches du PS. 

Le 1er novembre 1991, Actuel, infâme mensuel gauchiste favorable à tous les délires du moment, libertaires, psychédéliques, érotiques et autres, prônant le cosmopolitisme, le multiracialisme, le communautarisme et le pluralisme culturel, et, avec cela, prompt à vouer aux gémonies et à l’exclusion tous ceux qui ne se reconnaissent pas en lui, consacre son numéro du mois au sujet suivant, Les écolos fachos, visant à présenter comme fascistes les Verts qui entendent conserver leur indépendance vis-à-vis de la gauche. Ce numéro vise à provoquer une crise au sein du parti, devant permettre aux « Verts pluriel », son aile gauche, d’en prendre la direction. Le but sera atteint : en 1993, Waechter voit sa motion mise en minorité en faveur de celle de Dominique Voynet, championne de l’« ancrage à gauche », donc de l’alliance avec le PS. Et, en 1994, Waechter et ses partisans quitteront les Verts pour fonder le Mouvement écologiste indépendant (MEI) qui n’aura jamais aucun succès, non plus que les autres formations écologistes indépendantes des Verts (CAP 21, AEI, Cap écologie, etc.). Et, depuis 27 ans, tous les caciques des Verts se sont signalés par un passé soit à l’extrême gauche (Benhammias, Lemaire, Lipietz, Cohn-Bendit), soit dans un engagement social, sociétal ou naturaliste à caractère nettement gauchisant (Voynet, Baupin, Bové, Cécile Duflot, Emmanuelle Cosse, Jadot, Doucet, etc.). Et, d’une manière générale, le parti, loin de se cantonner aux questions environnementales, a milité en faveur de l’éducation libertaire, de l’abolition définitive de toute autorité parentale, des familles monoparentales, recomposées ou unisexes, du droit sans limite à l’avortement, de la cause LGBT, de la PMA et de la GPA, de l’écriture inclusive, des formes les plus agressives du féminisme, du multiculturalisme, et de toutes les manifestations de terrorisme moral et intellectuel d’orientation gauchiste. Voilà qui en dit long et qui explique que ce parti ait été comparé à une pastèque, car vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Au long des décennies, il est devenu le point de chute et l’asile de tous les déçus et rescapés de l’extrême gauche et de tous les militants prétendument antiracistes, en fait communautaristes, pro-homosexuels, ultra-féministes et autres, en quête d’une rampe de lancement politique pour la promotion de leurs causes respectives. En 1989, Les Verts firent élire au Parlement européen une Djida Tazdait, d’origine algérienne et kabyle, totalement indifférente aux questions environnementales, et exclusivement préoccupée par la lutte contre les discriminations à l’égard des musulmans de France ; en 1992, ils firent cadeau d’un siège au conseil de la Région Rhône-Alpes à Sakina Bakha, elle aussi plus intéressée par ces questions que par les problèmes écologiques. Et la situation n’a fait qu’empirer depuis le départ de Waechter et de ses fidèles, hostiles à la dérive gaucharde. Il n’est donc pas surprenant aujourd’hui, de voir nos maires EELV prendre les mesures les plus partisanes, les plus contraignantes, et prôner une politique propre à instaurer une dictature verte. 

Action Écologie, ou les difficutés d’une alternative à l’écologisme fanatique

Un groupement récemment fondé, Action Écologie fait le procès du catastrophisme et du programme drastique d’EELV, du GIEC et de bien des associations ou personnalités de cette mouvance. Action Écologie dénonce le caractère profondément idéologique, partisan et totalitaire d’EELV et de maints spécialistes de l’environnement et du climat. Selon ce mouvement, la politique écologique projetée par EELV est liberticide, régressive et ruineuse. Le mouvement fait apparaître le caractère spécieux de maintes propositions d’EELV, tels les fameux emplois liés à la transition écologique, artificiels et financièrement abondés par des subventions publiques, ou la multiplication des éoliennes, non seulement nocives pour l’environnement, mais qui ne fonctionnent en moyenne qu’à 25 % de leur prétendue puissance. Il dénonce également les multiples taxes (sur le carbone, l’électricité, les hydrocarbures, etc…), à finalité théoriquement environnementale, mais en fait destinées à renflouer les caisses d’un État déficitaire, mauvais gestionnaire et dilapidateur. Action Écologie critique aussi, après beaucoup d’autres, le GIEC qui, entraîné par l’idéologie écologiste dominante, privilégie systématiquement, dans ses prévisions, les scénarios les plus pessimistes, propres à affoler les populations pour les jeter dans les bras des Verts officiels, considérés comme les seuls sauveurs possibles. De plus, l’inspiration du programme d’EELV n’est pas purement écologique, mais procède de la volonté d’instaurer un univers réglementé et anti-naturel, malgré les apparences. 

Action Écologie a assurément raison de dénoncer le caractère totalitaire d’EELV, qui nous mène à un monde de cauchemar équidistant du Brave new world d’Huxley et du 1984 d’Orwell. Mais très fort sur ce point, ce mouvement ne l’est guère au plan des préconisations. Il est vrai que sa fondation est toute récente, et que cela explique sans doute son absence de projet précis. Action Écologie demande ainsi des études sur chaque mesure à finalité écologique, souhaite la diffusion d’informations scientifiques fiables auprès des décideurs (tant politiques que privés) et entend inciter fortement les pouvoirs publics à prendre et appliquer des mesures environnementales raisonnables. 

Le programme d’EELV veut instaurer un univers réglementé et anti-naturel.

Mais il est peu disert sur ces mesures. Or, nous gagnerions tous à connaître quelle politique écologique « de bon sens » (pour reprendre le mot d’Action Écologie) permettrait la résolution satisfaisante des très graves problèmes environnementaux actuels sans verser dans la dictature totalitaire verte dont EELV prépare l’avènement, selon ses détracteurs. Car enfin, la vraie question est la suivante : compte tenu de l’extrême gravité de la situation environnementale et climatique de l’heure, pourrons-nous, pour y remédier, éviter l’adoption de mesures extrêmement coercitives, destructrices de bon nombre de libertés, engendrant un arrêt de la croissance économique, une baisse sensible de notre niveau de vie et une dégradation de nos conditions d’existence, décidées et appliquées de façon autoritaire ? La crédibilité actuelle des écologistes du type EELV tient précisément à ceci que de telles mesures paraissent s’imposer, lors même qu’elles effraient, et que le monde totalitaire qu’elles annoncent semble toujours préférable à un monde qui, sans elles, deviendrait tout à fait invivable. Or, jusqu’à présent, nul n’est parvenu à démontrer le contraire. Les conclusions des scientifiques du monde entier (dont on ne peut tout de même pas affirmer qu’ils sont tous contaminés par l’idéologie écolo-gauchiste) convergent pour affirmer que le remède à la situation environnementale actuelle impose l’adoption de mesures inévitablement coercitives. Les innovations techniques à caractère écologique, que d’aucuns présentent comme les instruments d’une politique non contraignante et indolore (véhicules électriques, bioéthanol, éoliennes, capteurs de CO2, etc.) ne suffiront pas, en dépit de leur utilité. De même, nul ne peut contester que l’arrêt (d’ailleurs relatif) du réchauffement climatique implique une réduction de 6 % des émissions mondiales annuelles de CO2, et que, compte tenu de l’impossibilité d’une amélioration annuelle supérieure à 1,5 % (au mieux) de notre système économique en matière d’efficacité énergétique, nous devrons tous accepter une réduction de notre PIB à hauteur de 4,5 % par an. L’idée d’une croissance verte, chère à la droite libérale et à certains socialistes, semble bien illusoire. 

L’inévitable remise en cause de notre civilisation consumériste 

En vérité, nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes, c’est toute notre civilisation qui est remise en question. Les contraintes seront inévitables et s’imposeront aux gouvernements de tous les pays du monde et à tous les partis, y compris les plus rétifs à l’« écologie punitive » rouge-verte des écologistes modèle EELV, car elles seront, pour l’humanité, une question de vie ou de mort. Elles nous amèneront à renoncer à notre mode de vie consumériste, hédoniste et individualiste. Puissent-elles nous faire redécouvrir d’autres valeurs, éminemment spirituelles, morales et solidaires, et un mode d’organisation politique plus conforme que le nôtre au service des intérêts réels de la communauté. 

 

Illustration : Yannick et Delphine veulent des choses fortes et immédiatement nécessaires, comme l’interdiction de l’élevage d’animaux pour leur fourrure, un plan d’investissement public annuel de 50 milliards d’euros par an pour reconstruire l’économie, déployer les énergies renouvelables et favoriser les mobilités collectives et propres, la légalisation du cannabis et l’interdiction de la vente de voitures diesel et thermiques classiques. Bref, du bonheur forcé et des impôts. Et le droit de vote à 16 ans. Mais ce sera pas pour cette fois…

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