Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Qui n’a jamais frémi en lisant « Étranger, va dire à Sparte qu’ici / Nous gisons, dociles à ses ordres » est sans doute dépourvu du sens du tragique, de l’honneur et du devoir.
Les autres, ceux qui aiment lire des histoires de soldats sacrifiant tout à la patrie, ou de partisans, à la cause, trouveront, sous la houlette de J.-C. Buisson et de J. Sévillia, vingt-cinq récits, des Thermopyles à Kobané, Spartiates et Kurdes unis dans les armes, le sacrifice et la mort. On pourrait s’étonner de n’y trouver ni Cameron ni Diên Biên Phu, aussi fameux que les Thermopyles, mais on ne chicanera pas les directeurs sur leurs choix puisqu’ils nous offrent une épopée vendéenne de 1815, les zouaves pontificaux de 1870, les derniers Cristeros de 37 et les Libanais de 2000. Plus surprenants, mais cohérents, « Les derniers bataillons nazis » (1945) et les maquis rouges espagnols de 1952, combattants ayant tout perdu, le véritable honneur d’abord, sans doute, mais restant fidèles au combat et, surtout, aux souffrances vécues ensemble et au dégoût qu’inspire des vainqueurs pas si honorables. Ces soldats, exaltés par le sentiment de la justesse de la cause ou désespérés par ce qui s’apparente à une fin du monde, jetés hors d’eux-mêmes par la claire nécessité du sacrifice ou décidant qu’à tout prendre mieux vaut mourir debout que vivre en rampant, quoi qu’en pense l’Ecclésiaste, fascinent et émeuvent, même les pires. Le fait de ne pas se rendre a en soi une noblesse qui force le respect, si mauvaise soit la cause, si raisonnable soit la reddition. Qu’ils veuillent offrir leur vie, laisser un témoignage, échapper à une vie misérable ou, plus simplement et plus humainement, refuser de réfléchir parce que ce n’est plus le moment, tous offrent le visage saisissant de ceux qui sont sortis du monde tout en y livrant, absurde ou magnifique, leur dernier et bien terrestre combat. À lire aujourd’hui cette collection de monographies, on est saisi par le caractère collectif de ces derniers carrés et par et l’ignorance qui a recouvert, en France en tout cas, la plupart de ces aventures : les vaincus n’ont pas droit au souvenir, leurs épopées sont une aberration, l’oubli était comme un devoir. On ne mesure que trop, en ces temps de cancel culture orwellienne, où mène l’oubli. Ce volume permet de revivifier les Chouans, les derniers indiens du roi de France, les Irlandais déchus et les Lituaniens obstinés contre Staline. Ils refusèrent d’être raisonnables. Qui peut assurer, aujourd’hui, qu’ils eurent tort ?