Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Notre ami Yves Morel vient de publier aux éditions Pardès un Georges Valois dans la collection Qui suis-je ?
Cette étude donne en une centaine de pages une idée très précise de ce que fut cette étrange personnalité dont l’itinéraire, constamment haché, ne montre que trop la vanité de toutes les tentatives de constituer en force politique les révoltes populaires les plus légitimes contre un régime dit représentatif qui, de fait, ne représente rien. Né dans un milieu populaire, Georges Gressent, qui se fera appeler plus tard Valois, fut dès son plus jeune âge attiré par le combat des idées. Ce fut d’abord un autodidacte. Il vécut d’expédients qui lui permirent de rencontrer des personnalités de tous bords de la droite catholique à la gauche intellectuelle. Il se lia d’amitié avec les frères Blondel mais sa pente naturelle l’entraîna vers les milieux anarchistes de L’Humanité nouvelle. Cependant, en ce tout début du XXe siècle, il amorce comme tant d’autres un retour vers les idées d’ordre qu’un long séjour en Russie, où il se maria, confirma et stabilisa. Entré dans le monde de l’édition, il publie en 1906 L’Homme qui vient à La Nouvelle Librairie nationale, qui était une dépendance de l’Action française. Il rencontre Maurras et adhère à l’Action française. Il collabore au journal. C’est à cette époque qu’il participe à l’élaboration, dans le cadre du Cercle Proudhon, avec Henri Lagrange, d’une doctrine sociale et économique qui s’oppose frontalement au libéralisme et au capitalisme de la bourgeoisie triomphante. Après la guerre de 1914, il publie dans le même esprit L’économie nouvelle et lance, toujours dans le cadre de l’Action française, une Union des Corporations françaises, ce qui l’amène à publier dans la foulée en 1924 La Révolution nationale. Toutefois, dans son esprit, la critique des idées et la critique proprement politique des institutions cèdent le pas devant une théorie plus globalisante de dénonciation systématique de la société telle qu’elle existe. C’est ainsi qu’en 1925 il publiera un journal, Le Nouveau Siècle, dont la dénomination explique le nouvel esprit. Attiré pas le fascisme italien, il fonde lui-même son Faisceau et publie Le Fascisme où il expose sa volonté de rebâtir non seulement un État mais une société, propices à l’émergence d’un homme nouveau, comme il le publiera lui-même, L’Homme contre l’argent. Son évolution l’emmène alors vers la gauche, allant jusqu’à critiquer le Front populaire pour sa trop grande complicité avec le libéralisme capitaliste. Il était devenu partisan d’une planification générale de l’économie. La guerre va réveiller en lui son instinct patriotique. Il entrera en Résistance, sera arrêté par la Gestapo et mourra du typhus au camp de concentration de Neuengamme. Georges Valois n’aura pas de postérité intellectuelle, mais il fait partie de ces fameux dissidents d’Action française qui tous, d’une manière ou d’une autre, manifestent le mal-être essentiel de l’intelligence et du cœur de toute une génération devant la platitude, l’immoralité, l’inefficacité, l’inhumanité des institutions républicaines et de leurs prétendues valeurs sur lesquelles prospèrent de faux grands hommes. Là où Maurras avait raison, c’est que le problème est fondamentalement politique et « politique d’abord ». Tant d’énergie pour rien ou presque rien. L’exposé d’Yves Morel est d’une clarté lumineuse.
Yves Morel, Georges Valois. Pardès, coll. Qui suis-je ? 2021, 127 p., 12€.