Remarquable parce qu’il est l’aboutissement d’une recherche menée avec acribie et alacrité sans jamais tomber dans le pédantisme. Remarquable parce que le récit reste une histoire, vivante et cohérente, en dépit des énigmes que la critique historique doit résoudre à chaque page. Remarquable enfin parce que l’auteur a le style qui convient pour tenir une telle gageure. L’auteur est un jeune historien, Louis de Vasselot de Régné, qui mérite d’être encouragé pour l’excellence de ses méthodes analytiques et la puissance originale et élégante de ses synthèses. Son sujet est un personnage resté jusqu’ici quelque peu mystérieux, Guillaume de Beaujeu, qui fut le grand maître de l’ordre du Temple et qui mourra en Terre sainte lors de la dernière défense de Saint-Jean d’Acre. Appartenant à une grande famille, elle-même apparentée à toutes les grandes familles d’Europe, il mena une vie d’une intense activité religieuse, politique, sociale. Il traitait aussi bien avec le pape d’un côté qu’avec le sultan mamelouk de l’autre, ce qui fit penser qu’une telle souplesse d’esprit n’était pas loin d’une trahison effective. Ce qui n’était pas le cas. L’homme avait, par nature et par éducation, une largeur de compréhension qui le plaçait très au-dessus des politiques contingentes. Il voulait sauver l’Orient latin. Et le sauver malgré la sottise des Latins eux-mêmes et malgré les chimères politiques de l’époque. C’était un réaliste. Il savait que tout était perdu et il mourut en héros lors de la défense de la forteresse d’Acre, dernière capitale du royaume latin. Il avait fait son devoir jusqu’au bout. Louis de Vasselot dresse un portrait fort et délicat de cet homme d’exception.

Louis de Vasselot de Régné, Le dernier templier de Terre sainte. Vendémiaire, 2021, 225 p., 21€.