Nous nous résignons trop facilement à vivre au milieu d’injustices criantes. Aujourd’hui que nous sommes conscients du calvaire des gros (grossophobie), des homosexuels (homophobie), des gens qui ont un accent (glossophobie) et de tous les êtres humains – mon Dieu, me voici spéciste ! – dûment constitués en associations d’opprimés, avons-nous seulement une pensée pour les chauves qui vivent une discrimination capillaire ? Jetons bas l’ordre capillariste ! Didier Desrimais, avec sa Lettre sur les chauves et ses précieuses annexes (comme l’indispensable« introduction aux études chauvistes »), vient réveiller nos consciences, en tout cas notre sens de l’humour. Avec un sérieux imperturbable, il parodie toutes les déclarations militantes des spécialistes victimaires et tout le vocabulaire pseudo-scientifique dont ils enrobent leur revendications grotesques. L’intersectionnalité à la mode chauve (pardon, chauviste ou calvite, selon votre degré de progressisme) a le caractère irrésistible des canulars longuement et fermement tenus, déroulés avec logique, corsetés dans l’apparent premier degré. 

Didier Desrimais, Lettre sur les chauves. Éditions Ovadia, 2021, 84 p., 12 €.