Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Voilà un roman qui ne manque pas d’ambition, en entremêlant efficacement une ambiance parisienne ultra-contemporaine et l’aventure peu connue de la chouannerie normande. Dans le Bessin, près de Bayeux, le mystérieux portrait d’un ancêtre du personnage central, lui-même financier insatisfait de son état, tient, en quelque sorte, le rôle inverse du portrait de Dorian Gray chez Oscar Wilde : la couardise reconnue de cet ancêtre et sa mort héroïque se révèleront peu à peu porteuses de lumière spirituelle. L’originalité du roman, qui est aussi la clé de sa réussite, est de mêler très habilement non seulement deux époques, mais aussi des faits et des personnages parfaitement réels, historiques, et une « intrigue » qui se révèle être un profond chemin de conversion. Des situations très actuelles, des ambiances empreintes de sensualité et la rencontre d’un moine de haute stature… et nous voilà emmenés dans l’univers de la chouannerie finissante, lorsque Hoche, au prix de quelques concessions, parvient à circonvenir, une à une, les dernières paroisses. Le lecteur découvre, en même temps que les protagonistes du récit, le lien mystérieux établi entre ces événements et le héros de l’histoire, par l’intermédiaire de son étrange ancêtre et de sa sulfureuse amie. Gabriel Privat, qui nous a déjà donné un bel essai sur la Saga capétienne (Tempora, 2008), ainsi que de savantes études historico-juridiques, nous révèle ici un style vif au service d’une imagination bien maîtrisée.