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Du passé, faisons table rase

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Du passé, faisons table rase

L’Ancien Régime date précisément de 1790, au moment où les constituants rassemblent sous ce vocable tout ce qu’ils détestent sans le connaître, tout ce que huit siècles avaient prudemment distillés. Il suffit de voir aujourd’hui à quelle sauce de liberté, de fraternité et d’égalité est accommodé le peuple pour se douter que cet “Ancien Régime” doit être plus complexe que ce que les Révolutionnaires ont voulu, avec succès, faire accroire. Yves-Marie Bercé s’est penché avec bonheur et concision sur les institutions qui furent balayées en quelques mois. Quels étaient les liens du roi et de son peuple ? De quand date l’inaliénabilité du domaine de la couronne, et que signifie exactement cette notion ? Que signifiait être libre ? Comment les physiocrates supprimèrent – brièvement, en 1776 – les « corps et communautés de marchands et artisans, ainsi que les maîtrises et jurandes », pavant la voie à Allarde et Le Chapelier qui réussirent à livrer le prolétaire tout nu aux capitalistes. L’auteur nous montre comment émerge en trois siècles une monarchie renouvelée, arrêtée dans son développement, caricaturée, désormais méconnue. Une société qui était « un agrégat de communautés et de corps dont chacun avait ses propres statuts fut niée et abolie » et LES libertés avec. Place au concept péjoratif et réducteur d’Ancien Régime pour désigner tout ce qui fut et qui devait être “déconstruit”, la principale accusation, et la plus fausse, étant de considérer huit siècles comme un seul moment figé, conduisant à une rupture nécessaire. Ce livre contribue parfaitement à renouer les fils.

Yves-Marie Bercé, L’Ancien Régime. PUF, coll. Que sais-je ?, 128 p., 9€.

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