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gender fluid. Vous reprendrez bien un peu de littérature dite « de genre (s) » ?

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gender fluid. Vous reprendrez bien un peu de littérature dite « de genre (s) » ?

Le gendarme Fabrice Remangeon, taciturne, au relationnel humain difficile, excepté avec les femmes auxquelles sa stature, et parfois le simple uniforme, plaisent, est revenu depuis peu dans sa commune natale, en Sologne. Ce ne fut pas de gaité de cœur mais à la suite d’un blâme et de la mort de sa première femme. Il est de retour depuis moins de deux ans, s’est remarié avec Delphine, dont il fut l’amour de jeunesse, il a une maîtresse « gitane » au caractère bien trempé, comme lui, et a repris, à l’occasion, l’activité de rebouteux de son paternel. Ce nouveau roman noir de Pierre Guitaut se déroule donc en Sologne, au cœur d’une forêt et d’un monde rural qui font de L’heure du loup un livre qui n’a rien à envier, tout au contraire, au courant littéraire dit de nature writing, courant de langue anglaise, au lectorat grandissant, fortement traduit en France par un autre éditeur, Gallmeister, un lectorat qui ne devra pas rater cette Heure du loup. Il y a de la terre, de l’humain, de la nature, du lien entre les éléments et l’intériorité humaine dans ce roman. Il y a les profondeurs occultes de l’âme humaine et celles de la nature, âmes sombres et reliées. Et des rapports bruts de décoffrage entre vrais gens, y compris sur le plan sexuel. La terre, les hommes, les femmes, le sexe, les relations, la nature, tout est rude dans la Sologne de Pierre Guittaut. Pour la simple raison que tout respire l’authenticité dans ses pages, au fil d’une écriture qui donne à sentir l’humus. Surtout quand un élément déclenche la mort d’une jeune fille de quatorze ans, le corps mutilé. Ils semblent être de retour, les loups, et la machine humaine s’emballe.

Pierre Guittaut, L’heure du loup, Les Arènes, collection EquinoX, 2021, 250 p., 17 €

Quand les lecteurs de polar et de thrillers évoquent Franck Thilliez, c’est souvent pour demander à quelle date arrive « le » prochain opus de l’écrivain best-seller, réputé « 4e auteur le plus lu en France », et, souvent, si ce nouveau roman tant attendu sera aussi une nouvelle enquête de leur flic fétiche, Sharko. Aux mots « il est là », le lecteur se précipite dans n’importe quelle librairie, voire en grande surface où le roman sera en piles. Et qui aime les polars, thrillers ou romans noirs bien ficelés, originaux, en prise avec le réel et au fait avec le quotidien de la police, mais ne connaît pas encore Thilliez, ne sera pas déçu. Son lectorat habituel non plus, puisqu’il retrouvera le policier Sharko. Pas déçu mais… surpris. Diantre, avec toutes les enquêtes de Sharko que j’ai lues, je vais être surpris ? Comment le croire ? Et pourtant.
L’histoire se déroule en 1991, à une époque où le téléphone portable n’existait pas et où l’informatique balbutiait, sur fond de minitel. Le côté « à l’ancienne » de ce roman est son immense qualité tant l’ambiance est bien rendue. Noël 1991 approche et le jeune inspecteur de police Franck Sharko débarque au 36 Quai des Orfèvres (du passé, on vous dit) pour bosser à la Crim’. Il est chargé de reprendre une affaire non élucidée, celle des « 9 disparues », un crime en série. Le prédateur court toujours mais il ne frappe plus. Cette affaire n’est cependant pas l’affaire urgente traitée par l’équipe de la Crim’. Les policiers prennent en charge une autre affaire, un meurtre sordide. Ce qui étonne, de prime abord, c’est la façon dont elle parvient jusqu’au 36, une façon qui fait le fond de l’histoire. Un superbe Thilliez, dans une ambiance années 90 géniale et avec une histoire surprenante. What else ?

Gender 2 : Franck Thilliez, 1991. La première enquête de Sarkho, Fleuve noir, 2021, 500 p., 22,90 €

La Solution Thalassa de Philippe Raxhon est la seconde aventure du couple d’historiens François Lapierre et Laura Zante, personnes menant une vie normale mais se retrouvant embarquées à leur corps défendant, mais non sans capacité d’autodérision, dans des aventures mettant en question l’ordre mondial. Le premier roman impliquant le couple, La source S, reparu chez le même éditeur sous le titre Le Complot des Philosophes, proposait une énigme quasi insoluble dont la particularité serait de bouleverser la conception que nous avons de l’Histoire du monde. Un peu comme Antoine Bello, racontant, dans Les falsificateurs, comment le monde dans lequel nous vivons répondrait à un scénario volontairement réécrit en permanence, par le biais d’une réécriture tout aussi permanente de l’Histoire. Un thriller qui bousculait les certitudes de son lecteur. C’est aussi le cas de La Solution Thalassa. Cette fois, François Lapierre et Laura Zante sont invités à donner des conférences, chacun de leur côté, dans des cadres inhabituels. Lapierre, surtout, convié à un séminaire sur la Shoah par un chef d’entreprise richissime, Alfred Rosenshark. Le séminaire réunit, au moins en apparence des cadres d’entreprise. Les exposés de Lapierre paraissent peu intéresser les cadres présents, sauf en ce qui concerne les questions de la responsabilité et de la communication. L’historien revient de là avec un goût étrange dans la bouche. Le roman bascule alors : une jeune femme leur confie un document intitulé « La Solution Thalassa ». Tout s’emballe crescendo, entre tentatives d’assassinats, entrée en scène d’agents gouvernementaux, interventions des politiques…. « La Solution Thalassa » menace le monde et le roman réserve de sacrées surprises, en particulier une « convergence des luttes » surprenante et des critiques d’obsessions de nos sociétés qui ne laisseront pas indifférents. Un roman très populaire, dans le bon sens du terme, qui n’a pas la prétention littéraire d’être du Proust. Et alors ? On en sort comme après après avoir vu un bon blockbuster au cinéma. Du divertissement ? Pourquoi pas !

Philippe Raxhon, La solution Thalassa, City thriller, 2021, 305 p., 18 €

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