C’est tout un traité, une synthèse magistrale sur l’éducation. Et il faut bien dire que ce genre d’exposé général et approfondi est à l’heure actuelle ce qu’il y a de plus nécessaire. L’effondrement de la civilisation, l’abaissement culturel, surtout les méthodes dites modernes de formation et d’enseignement jusqu’à l’envahissement des techniques informatiques qui livrent les enfants au n’importe quoi de l’information, de la désinformation et de la perversion, obligent à une réflexion de fond où tout est à reprendre aujourd’hui de bas en haut avec sagesse, amour, foi et conviction. C’est l’œuvre qu’entreprend François-Xavier Clément, fils de notre ami décédé, le doyen Clément, et neveu du philosophe Marcel Clément, lui-même philosophe. Il a de qui tenir. Expert en la matière, puisqu’il fut enseignant et chef d’établissement et, ajoutons, véritable expert puisque persécuté comme il se doit, il aligne chapitre après chapitre, au gré de ses propres expériences, les différents points essentiels qui permettent la voie de ce qu’il appelle l’éducation intégrale. Ce mot intégral est important, car il s’agit du tout de l’homme, comme l’enseignement des papes n’a cessé de le rappeler. L’enfant est une personne et non pas un cerveau avec un cartable, dans le meilleur des cas, ou un élève jeté dans la fournaise ou le néant d’un enseignement dit national qui n’est qu’une étape obligée de sa vie sous les oukases de la société.
Aristote et Saint Thomas demeurent les maîtres des vraies définitions du savoir, de la connaissance et plus véritablement encore, de la psychologie humaine avec son jeu de raison et de passions qu’il s’agit de régler et de sublimer dans le meilleur sens du terme. Au cœur de l’éducation, il y a l’intelligence et la sensibilité. C’est là que l’éducateur doit toucher avec finesse, habileté et persévérance. Pas seulement s’arrêter aux vertus, mais insuffler la ligne générale de vie. L’enseignement se meurt de manquer de sens. L’éducateur chrétien sait bien que sans la foi l’édifice ne tient pas. C’est une occasion de rendre hommage à tous ces éducateurs, hommes et femmes, qui, depuis des siècles, se sont attachés à cette tâche qui a produit tant de fruits.
Non, tout n’est pas perdu. Il faut mettre un terme aux processus de déconstruction, surtout intellectuels, retrouver le sens de l’intelligence et du cœur, ouvrir à l’intime de la personne la double approche de la foi et de la raison dans tout son équilibre, permettre ainsi aux jeunes gens de s’épanouir dans la sécurité et la santé mentales.
Les familles suivront, les éducateurs viendront, la vie retrouvera sa signification au-delà des affreux vides de la modernité. Remercions François-Xavier Clément pour son enthousiasme. Qu’il accomplisse son œuvre ! Comme il l’écrit lui-même, « le désir d’éternité donne un sens profond et dynamique aux choix éducatifs. »

François-Xavier Clément, La voie de l’éducation intégrale, Artège, 356 p., 19,90 €