Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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L’histoire est tragique. Cette formule qu’aimait répéter Raymond Aron à l’encontre des marchands de bonheur de la politique politicienne se vérifie aussi et peut-être plus dans les familles que le sort a placées sur des trônes ou dans des lignages royaux. Notre ami Jean des Cars, qui veut bien patronner Politique magazine, s’est fait une haute spécialité des familles royales, des couples princiers, des sagas des dynasties européennes. Il sait tout sur tout et il a l’art du conteur.
Dans son dernier livre qui vient de paraître chez Perrin, il raconte, à sa façon bien vivante, discrète avec ce qu’il faut d’indiscrétion, les histoires de 18 couples princiers que l’histoire a retenus en raison des malheurs singuliers qu’ils ont subis au point d’en demeurer des images exemplaires. Cette série commence avec les amours contrariés et funestes de Pierre de Portugal et de sa maîtresse et femme idolâtrée, la fameuse reine morte et couronnée Inès de Castro, dont les étranges et somptueux tombeaux ornent la splendide abbatiale d’Alcobaça. L’amour défie la raison. Et l’amour est tragique dès que le pouvoir est en jeu : noble et courageuse Marie Stuart, si française et si écossaise. Ou la passion du pouvoir va jusqu’à tuer comme fit Catherine de Russie avec son Pierre III, trop prussien. Louis XVI et Marie-Antoinette sont les illustrations par excellence de la tragédie royale vécue jusqu’à l’ultime sacrifice. Et ainsi de suite, en passant par la charmante Marie Walewska, la fougueuse duchesse de Berry, les malheureux Maximilien et Charlotte du Mexique, la touchante mais si fragile duchesse d’Alençon, sœur de Sissi, brûlée au bazar de la Charité, la vie difficile et l’assassinat de François-Ferdinand et Sophie qui devait être la cause diplomatique de la guerre mondiale, le si parfait couple de Charles et Zita, empereur et impératrice déchus mais de la plus haute et sainte noblesse, l’histoire pleine d’autant de merveilles que de douleurs du roi Zog d’Albanie et de la reine Géraldine, la figure attachante de Léopold III de Belgique, si injustement décrié pour des motifs qui le dépassaient, le dernier roi d’Italie Umberto avec sa femme Marie-José, qui auraient dû régner avec tant de qualités mais qu’une stupide démocratie écarta pour des raisons idéologiques, enfin le Shah d’Iran qui mit la vieille Perse sur le chemin de la modernité et qui fit de sa Shahbanou la femme de sa vie, mais que le fanatisme rétrograde chassa pour le malheur de l’Iran et du monde.
La petite histoire de ces amours princières est à jamais liée à la grande histoire. À quoi tient le pauvre monde ? Rêve, folie, meurtre, amour et politique, eh bien, somme toute, cela se joue mieux sur une scène princière. Le livre de Jean des Cars confirme ce jugement.