Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Il y a quelques années Jacques Villemain avait juridiquement démontré que le mot de génocide était parfaitement légitime pour qualifier l’extermination des Vendéens par la République. Dans son nouvel ouvrage, il reprend la question. Pourquoi ? Parce qu’évidemment sa thèse est politiquement inadmissible. Juridiquement impeccable, historiquement inattaquable, mais irrecevable. L’auteur réexamine donc le dossier en s’attardant longuement sur le discours des historiens “bleus” et sur la réception de son premier ouvrage. Oui, la République a eu clairement l’intention d’exterminer une population rebelle et coupable, intention déclarée, manifestée et transformée en ordres sans équivoque mobilisant dans ce but des exterminateurs conscients de ce qu’ils accomplissaient (général Louis Grignon : « Mes camarades, nous entrons dans le pays insurgé, je vous donne l’ordre exprès de livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d’être brûlé et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d’habitants sur votre passage. Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays ; c’est égal, nous devons tout sacrifier. »). Cette intention génocidaire est prouvée. Les vieux républicains à la Jaurès l’assumaient crânement. Les sorbonnards actuels préfèrent nier le crime, le diluer dans l’incertitude des chiffres, critiquer l’emploi d’une notion, le génocide, réputée anachronique par rapport au faits, replacer la Vendée dans la continuum de la Révolution, nier la Terreur et enfin rappeler que tout le monde tue tout le monde et que ce serait bien méchant que d’accabler Carrier et à travers lui la Convention, puisque Carrier à son procès souligne, à juste titre, que « La Convention ne fait donc pas attention qu’elle se fait le procès à elle-même : elle a mis hors-la-loi tous ceux qui se sont montrés chefs d’émeute au moment du recrutement, tous ceux quo on porté la cocarde blanche ou tout autre signe de rébellion ; […] les brigands de Vendée ont pris les armes et tous les signes de la révolte à l’époque du recrutement ; […] elle a ordonné qu’ils seraient tous exterminés dans un délai détermine ; elle a approuvé, elle a applaudi à la mesure de les fusiller aussitôt qu’ils étaient pris ; l’improuver aujourd’hui, faire le procès à ceux qui l’ont exécutée, c’est faire le procès à elle-même puisqu’elle l’a décrété. » Villemain consacre la moitié de son ouvrage à la manière dont la République refuse de reconnaître ses crimes. Le chapitre 14, « Petit manuel de négationnisme du génocide vendéen par l’exemple », est une merveille de polémique avec Jean-Clément Martin, professeur d’histoire de la Révolution française à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne et directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française (CNRS), robespierriste convaincu. Au-delà de l’analyse juridique, l’ouvrage est une somme stupéfiante de documents accablants et une exploration édifiante du refoulé républicain. C’est une somme tout court.