Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Les œuvres anticipant « la grande œuvre », qui annonce le grand écrivain sous l’homme, ont toujours un statut bâtard. Bien souvent regardées à l’envers, les gens y cherchent non pas ce qui est écrit mais ce qu’elles annoncent. En conséquence, voici l’œuvre de jeunesse tout affadie. Proust n’échappe pas à la règle avec ce recueil de nouvelles inédites rejetées des Plaisirs et des jours et collectés par Fallois et rendues enfin disponibles pour les cent ans de l’attribution du Goncourt pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs ; cela n’est pas dépourvu d’ironie pour un auteur qui revendiquait la séparation entre l’œuvre et l’artiste dans son Contre Sainte-Beuve. Hélas, l’auteur de l’appareil critique, Luc Fraisse, tombe en plein dedans en ne remettant chacun des textes que dans la filiation de la Recherche du temps perdu, esquivant ainsi toutes la question des diversités des influences de Proust. Cela fait que ce monument d’érudition laissera froid ceux qui ne sont pas des proustiens fanatiques. Que penser de ces nouvelles ? Premièrement, qu’elles donnent déjà à voir Proust dans la force de son style. Secondement, qu’elles offrent une porte d’entrée à l’œuvre proustienne en étant des pièces courtes qui n’ont pas la préciosité des Plaisirs et des jours. Elles permettent donc de prendre des « doses homéopathiques » de l’œuvre. Un autre intérêt de ce recueil est de voir à quel point la thématique de la « bonne mort » est présente chez Proust ainsi que celle de l’homosexualité. À défaut d’une grande découverte, nous avons une série de textes intéressants.