Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Bardesane vécut entre le IIe et le IIIe siècle. C’était un Parthe, ou un Mésopotamien, un Syrien ou un Babylonien. Bref, il était philosophe araméen et chrétien et a laissé un traité en syriaque sur le destin. Comme un disciple lui demandait pourquoi Dieu ne nous a pas créés de telle sorte que nous fassions toujours le bien, Bardesane développa de bons arguments (et d’autres franchement gnostiques – Michel le Syrien lui en voulait) contre le fatalisme astral, la divination chaldéenne qui fait des astres et de leur cours les maitres absolus de nos destinées. Le traité est bref, l’édition nouvelle qui en est donnée est un bijou d’érudition sans ennui. Bardesane emploie au moins un argument remarquable : la diversité des lois des différents pays, qui s’appliquent à tous les hommes quels que soient les dates et les circonstances astrologiques de leur naissance. « Tous les Germains meurent par strangulation, sauf ceux qui sont tués au combat, et ce n’est pas chose possible que, pour tous les Germains, selon leur horoscope, la Lune et l’heure soient placées entre Mars et Saturne. » On aura compris qu’outre le plaisir de lire un débat antique sur le libre arbitre, le Livre permet de se plonger, avec des formules lapidaires, dans un univers plus éloigné de nous que Sirius : « Chez les Gèles, ce sont les femmes qui moissonnent, construisent et font tous les travaux des ouvriers. […] Dans le pays des Germains, les jeunes garçons qui, chez eux, sont beaux, deviennent pour les hommes comme des épouses. […] Chez les Bretons, plusieurs hommes prennent la même épouse. Et chez les Parthes, un seul homme prend plusieurs épouses et elles obéissent toutes à son commandement. » Ces lois immuables pour tous affirment la force de la liberté humaine contre les décrets des astres. L’ethnographie contre les étoiles. « Le destin ne contraint pas les Sères à commettre des meurtres, ni les Brahmanes à manger de la viande, ni les Mèdes à ne pas être dévorés par les chiens… » Et bien plus encore, les chrétiens, répandus dans le monde, observent eux-mêmes la même loi nouvelle quelles que soient leurs naissances et les latitudes sous lesquelles ils vivent. Quand bien même on prétendrait que la loi d’un pays serait l’effet des astres, le chrétien s’abstient de respecter les lois qui contreviennent à son libre attachement au Christ. « Et les frères qui sont en Gaule n’épousent pas des hommes, ni ceux qui sont en Parthie ne prennent deux femmes, et nos sœurs qui sont chez les Gèles et les Kouchans ne s’unissent pas à des étrangers. […] Là où ils sont et en tout lieu où ils se trouvent, les lois des pays ne les séparent pas de la loi de leur Christ. » Voilà qui, en plus, repose la question de la laïcité.