Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Après un premier recueil de poésie aux éditions de Corlevour en 2017 (C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment), Ariel Spiegler récidive pour notre plaisir en nous proposant un second recueil, Jardinier, d’une cinquantaine de pièces réparties en six parties. Les poèmes sont en vers libres, ponctués et courts, dépassant rarement la page. Ce qui relève moins ici de la simplicité que d’une volonté de coller au souffle. Car il s’agit d’une poésie de souffle, mais d’un souffle court parce que le dernier. Non pas qu’il soit ici question de la mort, mais à l’inverse d’une résurrection, de la bouffée qu’on arrache à la limite de l’étouffement. Il est de nombreux poètes dont tout l’art est de raconter leurs courses, leurs consumations ou leurs fins, mais il est bien plus rare d’entendre l’après, ce re-saisissement après avoir atteint la limite.
Bien sûr cet après, ce qui est touché du bout des bois, est assez explicite et pas un critique n’a raté l’obsession christique de mademoiselle Spiegler. Il faut dire qu’elle ne s’en cache guère et qu’elle en a raison. Cependant il n’y a nul didactisme christique, pas de pédagogie du christianisme pour les niais, mais la rencontre et sa présence sans cesse renouvelée. Nous sommes bien plus proches du mysticisme espagnol, dans cet instant précis entre la sortie de la nuit spirituelle et la vive flamme de l’amour. Cela coupe court aux jeux des comparaisons entre Ariel Spiegler et Marie Noël. S’il fallait éventuellement opérer un rapprochement avec tout ce que cela peut avoir de trop simple ou de délicat, on pourrait peut-être avancer qu’Ariel Spiegler s’inscrit dans une perspective claudélienne débarrassée de ses oripeaux quelque peu ridicules et des engorgements symbolistes de la fin du XIXe. Mais, ensuite, ne nous faut-il pas simplement nous réjouir de la fraîcheur de ces petites pièces, de ces hymnes, et nous enthousiasmer de la survivance de tels instants poétiques en France ?