Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Yves-Marie Adeline médite ici sur la difficulté des chrétiens eux-mêmes à comprendre le mystère de l’Incarnation. Cette irréductible spécificité du christianisme est un atout électif mais également une source de critiques et donc de fragilité. Elle vaut au christianisme l’incompréhension des religions concurrentes, celles du Livre (judaïsme, islam) et les autres (hindouisme, bouddhisme, etc.). Mais surtout elle provoque des débats permanents et des contestations incessantes au sein même de son clergé et de ses fidèles. Pendant longtemps, le dogme chrétien ne fut pas rigoureusement défini et donna lieu à de violentes controverses, à l’origine de schismes. Yves-Marie Adeline nous expose à grands traits les différentes hérésies qui émaillèrent la vie de l’Église des premiers siècles (le sabellianisme, durant la première moitié du IIIe siècle, caractérisé par la croyance en l’unité ontologique de la Trinité, puis, au IVe siècle, l’arianisme, postulant une différence de nature entre le Père et le Fils, ou encore le marcionisme, excluant totalement, au IIe siècle, l’Ancien Testament, sans oublier le donatisme, très diviseur de par son intransigeance, ou le nestorianisme avec sa croyance aux deux hypostases coexistant en Jésus-Christ).
Mais ce qui intéresse l’auteur, c’est de mettre en évidence l’éternel problème que le corps a constitué pour les religions du monde entier depuis l’aube des temps. Toutes ont été confrontées au problème de la chair et de l’esprit, le résolvant de cent manières différentes (depuis la distinction entre plusieurs registres du corps chez les Égyptiens, jusqu’à sa réduction à une enveloppe charnelle sans importance selon l’hindouisme) mais toujours par la minimisation de la première, et son opposition absolue au domaine de l’esprit.
En ce qui concerne le christianisme, le concile de Nicée et les multiples conciles des IVe et Ve siècles en ont fixé l’orthodoxie, mais les tentations hétérodoxes subsistent, attestant de la pérennité de la propension, chez de nombreux fidèles, à admettre pleinement la réalité de l’Incarnation, qui est pourtant au cœur de la Révélation. Yves-Marie Adeline en voit une illustration contemporaine dans les nombreux exemples de dévotion mariale depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours.
Selon lui, les diverses hérésies chrétiennes et toutes les autres religions ont en commun de « renvoyer Dieu au ciel » et de le séparer absolument du monde terrestre, celui de la Chute. Et de conclure en rappelant que le christianisme est la religion de l’Incarnation et de la Rédemption par le Créateur lui-même, se faisant, dans ce double but, homme lui-même. À lire sans retard, et surtout à méditer.