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L’Odyssée d’un beauf

Le cas Richard Jewell, de Clint Eastwood. Sorti le 19 février.

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L’Odyssée d’un beauf

Il veut redevenir flic, l’a été, et est agent de sécurité. Obsédé par le travail bien fait, il surveille et inspecte les lieux dont il est la charge dans le parc du Centenaire lors des Jeux olympiques d’été à Atlanta. Il s’appelle Richard Jewell et nous sommes le 27 juillet 1996. Soudain, il découvre un sac à dos contenant une bombe artisanale. Il alerte immédiatement les personnels aux alentours ainsi que la police. Dans ce même temps un appel téléphonique anonyme prévient les autorités de cet attentat. Grâce à l’intervention de Richard, la foule est dispersée mais malgré tout la bombe explose, tue deux personnes et en blesse cent-onze. Un véritable carnage a toutefois évité. Suite à cette action Richard Jewell, type même de l’homme ordinaire, devient dans un premier temps un héros. Mais trois jours plus tard le FBI le soupçonne d’être lui-même le poseur de la bombe. La presse s’empare de l’affaire et la chasse à l’homme est lancée.

Que dire de ce personnage falot, atteint d’obésité, célibataire, vivant chez sa mère ? Il collectionne des armes à feu car il est chasseur à ses heures perdues, est amateur de jeux vidéos, et n’a qu’un seul copain. En fait, le « con » parfait. Mais un « con » qui a un grand sens de la responsabilité professionnelle et de l’altruisme. Qu’importe ! Son domicile est ceinturé de façon permanente par plus de 100 journalistes et photographes, le FBI l’interroge et le soupçonne. La charge contre les médias et leurs accointances avec la police est implacablement menée par Clint Eastwood, qui appartient à la grande lignée de John Ford, John Huston et Francis Ford Coppola.

Passer de héros à suspect haï puis longuement se battre pour retrouver son honneur, tel est la ligne directrice de ce film.

Peu de travellings, une suite de plans parfois fixes, avec d’incessants champs et contre-champs dans la pure veine classique du septième art, dominent l’œuvre ; admirablement servi par Paul Walter Hauser, dans le rôle éponyme, dont le jeu est proche du pathétique, Sam Rockwell, qui interprète l’avocat Watson Bryan avec un jeu très sobre mais totalement efficace ,et, dans le rôle sulfureux de la journaliste Kathy Scruggs, l’actrice Olivia Wilde qui est parfaite de justesse et aguicheuse à souhait. Il faut souligner que le rédacteur en chef du journal l’Atlanta Journal Constitution, Kevin Riley, qui employait cette journaliste (décédée en 2011), a vigoureusement dénoncé cette interprétation des faits et agissements de son reporter. La mention ultime se doit à Kathy Bates (parfaite dans Misery), sublime dans le rôle de la mère. Sublime, oui ! Car le thème sous jacent de ce film est la relation quasi passionnelle d’une mère qui jamais ne doute de son fils et l’admirable affection que lui porte son fils. Le véritable coupable, Eric Rudolph, fut arrêté en 2003 soit sept ans après l’attentat. Quant à Richard Jewell, devenu policier en Géorgie, il est décédé en 2007 d’une défaillance cardiaque des suites de son diabète. Il fallait lui rendre hommage et justice, Clint Eastwood l’a fait.

 

 

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