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La nuit de Notre-Dame

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La nuit de Notre-Dame

Tout commence le 15 avril 2019 à 18h46 par la vibration d’un téléphone portable à l’état-major de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Les camions vont filer sur les quais. La mobilisation progressive de 600 hommes commence.

Nous assistons ici à une extraordinaire aventure menée par un corps d’élite, et d’abord par des hommes héroïques, du simple sapeur jusqu’au général, dont nous découvrons les noms, les vies, les tempéraments. Certains sont marqués par des participations récentes : l’opération Barkhane, l’incendie de la rue de Trévise, le Bataclan.

Le récit est d’autant plus haletant qu’une heure après le premier appel à la Brigade, c’est l’effondrement de la flèche et l’évacuation immédiate de tous les pompiers sur place. Il faudra attendre 21h22 pour qu’un sergent-chef expérimenté propose une solution, rapidement adoptée malgré des risques encourus considérables : attaquer le feu par la façade et les tours.

Tous ont engagé le meilleur d’eux-mêmes : celui qui prend un commandement dans l’urgence sait s’effacer à l’arrivée d’un plus gradé, ou sait rétrograder pour aider plus efficacement. Celui qui rencontre l’employé paniqué de la sécurité sait lui en imposer pour qu’il indique enfin la clé de la porte à ouvrir. Les qualités d’un chef sont là : sérénité devant la mort, souci premier de la vie de ses hommes, honneur, sportivité, présence en première ligne, sang-froid absolu. L’utilité des binômes apparaît : ne jamais agir seul car on peut avoir besoin de l’autre en cas de danger, mais aussi en cas de doute sur les décisions prises.

La ruse est de la partie : vis-à-vis du feu, ce monstre dévorant, mais aussi vis-à-vis des médias et des autorités. Un poste de commandement « miroir » est créé pour donner les informations sans déranger le « vrai » centre de commandement. Et la technologie ne tient pas devant le crayon du dessinateur qui va se glisser dans la moindre coursive pour indiquer un accès, un nombre de marches d’escalier. Une femme dont le nom n’est pas cité, casque en tête, guide les sauveteurs vers les 1300 œuvres d’art de la cathédrale. On assiste à la récupération de la couronne d’épines et du Saint-Sacrement.

Le caractère sacré de la cathédrale rejaillit sur tous les acteurs de cette nuit inoubliable : on n’observe aucun des tiraillements habituels entre pompiers, architectes, ingénieurs, policiers. Et la confiance des autorités, jusqu’au plus haut niveau de l’État, est totale. Les Français se sont retrouvés ce soir. « Nous sommes tous conscients que nous travaillons pour sauver quelque chose qui nous dépasse. Qui nous oblige », dit le général Gontier.

Le 18 avril, à 22 heures, le lieutenant-colonel Ronan sait que l’aventure s’achève : seul dans la rue du Cloître, il pleure d’épuisement et de fierté. Notre-Dame est debout, et aucun pompier n’a été touché.

  • La nuit de Notre-Dame par ceux qui l’ont sauvée, Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Grasset, 2019, 231 p., 18 €.

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