Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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La vie et la mort de Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, sont un objet d’étonnement : tant de vertus au milieu d’une cour qui n’en pratiquait pas le culte, puis en des heures si sombres qui découragèrent des caractères qu’on aurait pu croire plus fermes… Coline Dupuy et Emmanuel Cerisier raconte en bande dessinée cette vie exemplaire. Le dessin est clair, l’histoire va vite, on entrelace les épisodes charmants avec la montée du péril, et c’est Madame Élisabeth elle-même qui est la narratrice, à travers sa correspondance. L’histoire bascule ensuite dans l’horreur révolutionnaire d’une foule haineuse, d’idéologues aveugles et d’un tribunal délirant. C’est bien une biographie mais sans le côté parfois pénible de certaines bandes dessinées qui virent à l’histoire illustrée au long d’interminables récitatifs qu’une vignette accompagne. Là, le dessinateur sait varier les plans, dresser un décor, caractériser les visages, faire vivre une émotion. Une réussite.
Que Coline Dupuy double avec son album consacré à Cathelineau, « le saint de l’Anjou ». On y trouve la même sûreté historique, le même goût de l’anecdote éclairante, la même volonté pédagogique, toutes qualités mises au service d’une narration enlevée (et Denoël a la vivacité de trait nécessaire). Comme pour Madame Élisabeth, on est saisi par la manière dont tout paraît irrésistiblement entraîner cette âme vers la mort, l’une recluse dans sa condition, qu’elle transcende, l’autre attaché à son Anjou, qu’il sillonne inlassablement. Cathelineau et Madame Élisabeth sont des modèles de bande dessinée historique, genre qui réussit, sans doute mieux qu’une longue biographie, à restituer ce qui anime le héros autant qu’à raconter les faits.