Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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On ne présente plus Primo Levi et Si c’est un homme. Tout l’intérêt des textes réunis dans ce volume est qu’ils sont en quelque sorte la matrice et les rejetons de l’œuvre littéraire de Levi. La matrice car on trouve dès les premières pages un « Rapport sur l’organisation hygiénique et sanitaire du camp de concentration pour les juifs de Monowitz (Haute-Silésie) » qui dit déjà tout mais sous la forme ubuesque et angoissante d’un rapport médical publié en 1946 dans une revue médicale italienne, dans la partie Sciences, à la rubrique Travaux originaux… Suivent les dépositions au procès de Hess, le questionnaire pour le procès Bosshammer avec cette question à la précision toute allemande et surréaliste : « D’après votre estimation, combien de personnes ont été déportées à Auschwitz lors du même transfert (votre estimation peut s’appuyer par exemple sur la longueur du train, le nombre et l’espace de chaque wagon, tout comme ce que vous avez observé quand vous êtes monté à bord en Italie et descendu à Auschwitz) ? » Primo Levi témoigne, répond, se souvient en essayant d’être précis et factuel. Et peu à peu, alors que l’épreuve s’éloigne, l’indicible commence à être dit, comme on ouvre enfin un album de photo après la mort de quelqu’un. Levi se souvient, enquête, découvre, résume et dans chaque texte réaffirme qu’avoir peu à peu compris qu’ils n’étaient pas des hommes aux yeux des nazis reste une stupéfaction, une incompréhension majeure, et crée un devoir de parole, crée la nécessité d’affirmer cette humanité désormais que, sachant ce dont l’homme est capable – et dont il s’est depuis encore rendu coupable –, on sait qu’à chaque instant c’est cette humanité qui peut être détruite.