Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Découvrez la comptabilité macabre des terres de sang selon l’historien américain Timothy Snyder. Ces terres de sang où des millions d’hommes sont morts jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Terres qui étaient situées principalement dans l’ancienne zone de résidence juive et dans la zone neutre entre l’Allemagne et l’URSS. Ce qui explique, premièrement, la naissance de la Pologne lorsqu’elle repoussa l’armée rouge qui fonçait sur Berlin en 1920, donc la future cible des staliniens. Et deuxièmement une Pologne avec la plus grande population juive d’Europe, donc la future cible des hitlériens. Bref, une Pologne prise dans l’étau stalino-hitlérien, qu’il fallait sauver selon Churchill en 1939 mais qu’il laissa à Staline en 1945. Une Europe de l’Est, où l’horreur du stalinisme apparut grâce à l’ouverture des documents des archives soviétiques, et où l’horreur de l’hitlérisme fut dévoilée par les photographies, les films des camps de concentration, et les témoignages. Il y eut cinq formes de tueries dans les terres de sang. La première commença avec Staline et ses camps de travail, les goulags, qui collectivisa l’agriculture, les usines, les mines, et les canaux. L’agriculture collectiviste soviétique déboucha sur une famine en Ukraine, pourtant le grenier de l’Europe, qui fit cinq millions de morts au début des années 1930. La deuxième, toujours du côté soviétique, au cours de la Grande Terreur de 1937-1938 : les 700 000 personnes qui avaient survécu à la faim et au Goulag furent officiellement exécutées. Troisièmement en 1939, Soviétiques et Allemands envahirent ensemble la Pologne en accord avec les clauses secrètes du pacte germano-soviétique. Les Soviétiques exécutèrent 21 892 officiers polonais à Katyn au printemps 1940, alors que les Allemands ghettoïsaient les juifs. Quatrièmement en juin 1941, les Allemands envahirent l’URSS et les deux belligérants tuèrent des centaines de milliers de personne en Biélorussie. L’Europe de l’Est rentrait dans un plan général allemand afin d’asservir les populations sans juifs, pour créer l’espace vital agraire allemand. Ce plan coûta près de dix millions de morts dans les terres de sang. La guerre, qui tourna au désavantage des Allemands, affama un million de personnes durant le siège de Leningrad ainsi que trois millions de prisonniers de guerre soviétiques ; cette colonisation de l’espace vital nécessita de mettre les prisonniers restant aux travaux forcés. Finalement, il y eut la shoah. Par ce livre vite devenu un classique, Snyder a provoqué de nombreux et virulents débats au sein de la communauté internationale des historiens : il est vrai que ses « terres de sang » sont à même de changer notre regard sur la période historique étudiée, regard maintenant centré sur ce qu’il appelle la « géographie humaine des victimes ». Un essai fondateur, enfin accessible au format poche.