Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Immigration et multiculturalisme : la fin des tabous !
Paul Collier est un homme de gauche, économiste reconnu, professeur à Oxford, auteur en 2007 d’un essai remarqué sur « the bottom billion », autrement dit le milliard d’êtres humains laissés pour compte de la prétendue croissance économique et du tout aussi prétendu ruissellement des richesses au sein du monde capitaliste et de l’économie libérale, à ne pas confondre avec l’économie de marché ni avec la liberté d’entreprendre. Publié en 2013 dans le monde anglo-saxon, son plus récent essai, Exodus, déjà devenu un classique sur l’immigration et le multiculturalisme, arrive dans les librairies françaises. Le moins que l’on puisse dire est qu’il s’agit d’un choc pour l’aveuglement dominant en France. Pourquoi ?
Paul Collier démontre que les migrations ne sont pas l’avenir radieux souhaité par les Merkel et autres Macron passionnés de technocratie européiste mais tout au contraire des facteurs de danger : le mouvement actuel des migrations fragilise les pays d’accueil autant que de départ et n’est réellement une chance pour personne, pas plus pour les migrants que pour les populations soumises à migrations sans aucun débat démocratique. C’est « perdant/perdant » : l’Afrique s’enfonce dans la pauvreté en laissant partir une main-d’œuvre dynamique (la preuve pour Collier par la volonté nécessaire pour tenter la migration) et parfois qualifiée dont les pays africains auraient bien besoin, et de ce point de vue l’exemple du Ghana, pays anglophone au fort nombre de cerveaux en fuite, est éloquent – sans compter les cerveaux ghanéens installés à l’étranger depuis la naissance, y compris militants décoloniaux, universitaires renommés qui réclament la « décolonisation de nos imaginaires » sans jamais avoir mis les pieds dans leur pays d’origine ; l’Europe ne profite quant à elle réellement pas des migrations car l’argument de la nécessité d’une immigration de remplacement d’une main-d’œuvre prétendument déficiente est faux, tout comme celui de la nécessité de remplacer la population de pays connaissant une chute démographique. Collier démontre la fausseté de ces arguments avec de nombreuses études universitaires à l’appui de ses thèses.
L’analyse universitaire rigoureuse est implacable. C’est le creusement des inégalités, gigantesques, contrairement aux affirmations des néolibéraux qui prétendent que le monde s’enrichirait, qui accélère les flux migratoires et menace l’ordre des relations internationales ainsi que le fonctionnement des sociétés anciennement stables, les nôtres. Exodus montre aussi, et c’est sans doute l’apport le plus fascinant de cet ouvrage, combien les migrations, de par leur existence, entraînent un accroissement des… migrations. En conséquence, l’augmentation des flux migratoires – une augmentation favorisée par la présence de communautés de compatriotes déjà installés et peu intégrés, l’intégration freinant le phénomène – a, selon Collier, études et chiffres à l’appui, un effet d’accroissement, à son tour : les migrations actuelles produisent les conditions des migrations à venir. Aux yeux de Collier, la question n’est alors pas uniquement démographique, même s’il est évident que l’Afrique est hors de contrôle sur le plan de sa démographie, mais culturelle et idéologique : ce qui nourrit et engendre les drames migratoires, ce sont les politiques multiculturalistes. Pour Collier, le débat sur l’immigration est biaisé si l’on se demande si l’immigration est une bonne ou une mauvaise chose. La vraie question est : quel niveau d’immigration est souhaitable pour notre société ? Il est alors difficile, les pages de ce maître livre refermées, de ne pas se demander pourquoi une telle obsession de la migration et du multiculturalisme existe au sein du pouvoir dominant et de quoi les politiques actuelles sont-elles véritablement le nom ?