Entre la République démocratique du Congo (RdC) et le Rwanda, il y a 25 ans de méfiance, d’hostilité réciproque et plusieurs conflits avec l’implication de différents groupes armés. Cette instabilité sécuritaire semble profiter aux multinationales occidentales qui exploitent les ressources minérales du Congo dont le très riche sous-sol regorge (cuivre, cobalt, coltan, or, diamants, etc.), parfois avec l’accointance des gouvernements. Déjà en 2002, le Groupe sur l’exploitation des ressources de la RdC, entité des Nations Unies, dénonçait l’association de groupes criminels avec des élites politiques et militaires congolaises, ougandaises, rwandaises et zimbabwéennes. Il pointait aussi du doigt les « aspects particuliers de la relation entre l’exploitation des ressources naturelles et la persistance du conflit« . Plusieurs ONG et organisations dénoncent cette économie de la guerre et dénonce la « responsabilité des entreprises à l’égard des atteintes aux droits de l’homme dans le contexte de l’exploitation des ressources naturelles« .
Mais depuis mars dernier, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame semblent vouloir travailler ensemble pour mettre fin à la violence le long de leur frontière commune. Une première déclaration commune a été faite en ce sens au Africa CEO Forum de Kigali. Depuis des réunions bilatérales se font régulièrement sur recommandations des deux exécutifs, en janvier dernier à Kinshasa et la dernière en date à Kigali. Mais ces entrevues ne seraient pas bien perçues par tous et notamment par les multinationales occidentales qui attiseraient ou, à tout le moins profiteraient, de la situation sécuritaire plus qu’instable dans cette zone. Le chef de la délégation congolaise lors de la dernière réunion entre les deux pays, François BEYA WA KASONGA, conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité a ainsi dénoncé ces pressions : “Nous sommes venus ici pour défier le monde entier, en particulier le monde occidental, qui ne veut pas que nous parlions et travaillions ensemble. Nous sommes ici pour leur dire que nous sommes un et que nous ne voulons jamais des conflits entre nous”.
Il n’en fallait pas plus pour lancer une polémique à Kinshasa. Les conflits internes au sein de la majorité présidentielle font feu de tout bois : pour le vice-président de l’Assemblée Nationale, président intérimaire du parti Présidentiel, Jean-Marc KABUND, « les propos de François BEYA exposent la République démocratique du Congo et ne reflètent pas la vision du chef de l’État qui prône le multilatéralisme comme mode de règlement des conflits mondiaux« . A quelques jours de la mort de l’Ambassadeur d’Italie dans la zone lors d’une attaque armée, la résolution du conflit n’avait pas besoin de ce genre de polémique.
Illustration : Félix Tshisekedi, président de la RDC. © SIPA.