France

L’imposture
L’homme du 18 juin s’est créé sa propre stature historique. C’est, dès le départ, le principe de son action : dominer.
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Une fois l’ouvrage d’Yvan Stefanovitch refermé, le lecteur reste très partagé. Les sénateurs sont-ils comme l’auteur les décrits : une armée de fainéants qui passent grassement à la caisse, se la coulent douce dans leur département ou sur les îles et qui ne veulent finalement rendre de compte à personne ? Ou bien l’auteur est-il à ce point jaloux d’un système dont on subodore qu’il ne pourra pas lui-même profiter, qu’il s’acharne sur une chambre Haute qui a entrepris sa transformation et qui avait fait nettement pire par le passé ?
Nul ne peut nier les avantages dont les parlementaires (députés y compris) bénéficient au quotidien. Sont-ils à ce point scandaleux ? Oui pour ceux qui font de l’absentéisme un sport favori et qui trouvent toujours une bonne excuse pour ne pas siéger, dénonce clairement Yvan Stefanovitch qui, depuis des années, dénonce la gabegie financière de l’Etat. C’est même devenu sa marque de fabrique. Il est vrai que, pour certains sénateurs, gagner plus de 11.000 euros par mois pour moins d’une semaine de présence au Palais du Luxembourg, est un bel exercice. Cela peut laisser rêveur l’employé de supermarché, le technicien agricole et le Français moyen.
L’intérêt de cette enquête journalistique réside dans la divulgation des 14 sénateurs qui ont été sanctionnés par le bureau de la Haute Assemblée, pour absentéisme et dont le Sénat s’était, à l’époque, refusé à dévoiler les noms. Grâce à un travail de fourmi, de reconstitution d’agenda, de calendriers etc., Yvan Stefanovitch a retrouvé les parlementaires sanctionnés. Mais cette sanction financière qui ne dépasse guère quelques centaines d’euros et touche des sénateurs de tous bords reste symbolique. Le président du Sénat, mécontent de cet ouvrage, a porté plainte contre son auteur. Une première depuis 1973, date de la fin de la censure politique…
Le Sénat. Un paradis fiscal pour des parlementaires fantômes, Yvan Stefanovitch, éditions du Rocher, 19€